Il est impossible de ne pas reconnaître son look inimitable et sa sonorité douce et envoûtante. Difficile, aussi, de passer à côté de la popularité phénoménale que l’ocarina connaît depuis quelques années. Il faut dire que cette flûte ovoïde ne manque pas d’arguments : simple à prendre en main, accessible financièreèrement et déclinée en une infinité de formes et de matériaux, elle s’adresse aux débutants comme aux musiciens les plus chevronnés. Ce que l’on sait moins, c’est que l’ocarina est également l’un des instruments les plus anciens au monde. Pour le comprendre, il est nécessaire de plonger dans une histoire de plusieurs milliers d’années, traversant continents et cultures. Une histoire qui débute avec des chasseurs-cueilleurs préhistoriques, se poursuit avec les civilisations autochtones d’Amérique latine, et s’épanouit dans l’Europe du XIXème siècle, avant de connaître un renouveau inattendu grâce à un jeu vidéo japonais des années 1990. Et pour cause : chaque note jouée sur un ocarina raconte la rencontre entre une tradition séculaire et un savoir-faire artisanal. Cet article est une déclaration d’amour à l’ocarina et un guide complet pour vous initier ou vous perfectionner.
Qu’est-ce qu’un ocarina ? Définition et caractéristiques essentielles
Improbable mais véridique : la première fois que j’ai tenu un ocarina de collection, il dégageait une odeur de terre chaude et d’humidité fossile, comme si chaque note attendait le dégel d’un nouveau printemps. Soyons clairs : l’ocarina ne ressemble à rien d’autre. Il s’agit d’une flûte globulaire ovoïde, souvent modelée dans l’argile, parfois en métal ou en plastique (et c’est là que le charme se dissipe !), dont le corps fermé possède une embouchure latérale ou terminale sans clef mécanique. On parle de "flûte globulaire" parce qu’ici, tout est sphère : la forme, la colonne d’air, la résonance. L’appellation vient du mot italien "oca" (oie), clin d’œil à sa silhouette arrondie qui n’émule ni pipe ni clarinette.

Trois caractéristiques clés de l’ocarina :
- Forme ovoïde fermée : contrairement aux flûtes traversières ou à bec, le volume interne est entièrement clos sauf pour l’embouchure et les trous digitaux.
- Résonateur de Helmholtz : le son naît d’une cavité résonnante (comme pour une bouteille soufflée) et chaque note traduit la vibration aérienne dans ce ventre scellé.
- Nombre limité de trous : entre 4 et 12, rarement plus – un choix qui façonne radicalement sa tessiture et son timbre unique.
Un héritage historique de 12 000 ans
L’histoire ? Ce n’est pas anodin : on trouve trace des premiers ocarinas dès la préhistoire – en Chine (le fameux Xun), chez les Chibchas andins, chez les Incas et Mayas sous forme de figurines musicales modelées dans la glaise humide des rituels funéraires. Plus tard, l’instrument traverse les siècles pour renaître à Budrio grâce à Donati…
« J’ai failli me faire mordre par une mangouste pendant un enregistrement de valiha. » Une expérience inclassable mais révélatrice du chaos organologique qui règne dans certains ateliers tropicaux.
Principes acoustiques : au cœur du résonateur de Helmholtz
Passons à ce que peu de musiciens comprennent vraiment : le principe du résonateur de Helmholtz – ce phénomène où la pression variable de l’air soufflé provoque une vibration stable, quasi mathématique, dans une cavité fermée à col étroit. Quand on souffle dans un ocarina, on excite ainsi une seule fréquence fondamentale (et ses harmoniques), avec très peu d’impuretés spectrales. Les recherches de Hermann von Helmholtz sur ces phénomènes ont directement inspiré les premiers facteurs italiens ; soyons honnêtes, sans lui Donati n’aurait peut-être jamais osé standardiser le modèle moderne. Entre deux silences, je vous assure qu’on entend alors... l’âme du vent.
Pourquoi choisir un ocarina ? Atouts pour débutants et virtuoses
Détrompez-vous : si l’ocarina fascine, ce n’est ni par hasard ni nostalgie de gamer. Soyons clairs, son adaptabilité défie tous les poncifs – il suffit d’oser explorer ses registres pour mesurer l’audace cachée dans chaque modèle.
Tessiture et registres : du soprano au ténor
Ce n’est pas anodin : le nombre de trous détermine à la fois la tessiture et la virtuosité possible. Un soprano à 6 trous ne vous autorisera jamais les mêmes acrobaties qu’un ténor à 12. Mais attention, aigu veut aussi dire miniature, parfois au détriment du confort de jeu (j’ai déjà vu un virtuose coincer le petit doigt dans une embouchure trop étroite !).
Type | Tessiture | Nombre de trous |
---|---|---|
Soprano | A5-F7 (très aigu) | 6 à 12 |
Alto | F4-C6 (médium) | 10 à 12 |
Ténor | C4-A5 (grave/médium) | 10 à 12 |
Prenez le temps de réfléchir : vos doigts sont-ils faits pour voltiger ou plonger en profondeur ?
Facilité d’apprentissage et ergonomie
L’ocarina a cet avantage rare : il s’offre aux autodidactes comme aux maniaques de la justesse. Sa prise en main ? Essentiellement dictée par l’ergonomie, qui façonne autant la musicalité que la matière elle-même. Certains modèles privilégient des courbes douces où chaque doigt tombe naturellement sur son trou, tandis que d’autres sacrifient tout au profit d’une miniaturisation excessive, un véritable piège pour les mains larges ! L’embouchure aussi se discute : plate, arrondie, longue ou tronquée… Tout influe sur le contrôle du souffle et la précision du timbre.
Diversité des formes et des matériaux
Impossible d’éluder le sujet : l’ocarina est polymorphe jusqu’à l’absurde. On recense aujourd’hui des variantes artisanales en argile brute (le must pour l’authenticité), en bois massif (plus sombre, parfois instable), plastique moulé (pratique mais au timbre discutable), métal (très rare) ou encore céramique fine. Certains modèles Runik arborent des gravures rituelles qui se craquellent avec le temps ; Takashi Aketagawa privilégie un vernis translucide sur céramique blanche presque translucide – étrange clin d’œil entre deux générations de facteurs obsédés. Détail croustillant : un ocarina trop lourd déséquilibre le poignet après vingt minutes…
Les origines et l’évolution de l’ocarina à travers les cultures
Entre deux silences, que reste-t-il d’une céramique oubliée dans la poussière d’un tombeau ? Bien plus qu’on ne le pense. L’ocarina n’est pas seulement un vestige : il cristallise des milliers d’années d’expérimentations, de rituels et d’échanges culturels insoupçonnés.
Explorer les premières traces préhistoriques et autochtones
Résumé des découvertes archéologiques majeures :
- Des ocarinas datant de plus de 4 500 ans ont été retrouvés au Mexique, souvent déposés dans des sépultures ou des résidences d’élite, preuve d’un usage rituel et symbolique loin du simple jouet.
- Les fresques mayas de Bonampak révèlent la présence de musiciens soufflant dans ces flûtes globulaires lors des cérémonies publiques ou processions funéraires, soulignant leur rôle sacré.
- Des variantes sans trous en provenance du Pérou précolombien montrent une diversité acoustique extrême, chaque type étant lié à une intention sonore précise ou même à des pratiques chamaniques confidentielles.
L’ocarina préhistorique n’a jamais été un gadget : il signait l’appartenance à une caste, un clan – voire, soyons clairs, une idéologie sonore bien spécifique !
Civilisations mésopotamiennes, mayas, aztèques et incas : couleur, rite, bizarrerie
Que le lecteur se détrompe : les céramiques vernissées aztèques n’avaient rien d’anodin. Véritables sculptures sonores, elles étaient parfois coulées avec des inclusions minérales hallucinantes (quartz broyé ou mica pour obtenir un éclat spectral) ; j’ai eu entre les mains un ocarina maya dont la surface était piquée de micro-fissures « réparées » au bitume végétal – une réparation qui ajoutait un parfum presque médicinal à chaque note… Détail peu connu : chez les Incas comme chez les Mayas, certaines formes extravagantes (oiseau stylisé, grenouille anthropomorphe) étaient réservées aux prêtres-musiciens et interdites au peuple. La variété des timbres s’accompagnait toujours d’une diversité rituelle tout aussi stricte : on ne joue pas impunément le cri de la chouette sous la pleine lune !

De Budrio à l’universel : Giuseppe Donati façonne le modèle moderne
Soyons honnêtes : sans Giuseppe Donati, un jeune boulanger-bricoleur italien du XIXe siècle, l’ocarina serait probablement resté une curiosité ethnographique. À Budrio, Donati standardise le modèle ovoïde à dix trous dès 1853 et impose la tessiture moderne (de soprano à ténor), posant ainsi les bases du jeu virtuosique actuel. Ce n’est pas anodin : son invention ne tarde pas à s’expatrier vers les États-Unis puis le Japon où elle subit d’autres mutations formelles mais conserve ce cœur globulaire hérité des Andes. Le mythe veut que Donati ait soufflé la première note dans sa cuisine encore enfarinée – depuis, ce souffle circule partout où l’on cherche l’âme du vent.
Bien choisir son ocarina : guide d’achat expert
Soyons clairs : choisir un ocarina, ce n’est pas anodin. Ce choix façonne la voix de votre souffle et le confort de vos doigts pour des années. Entre deux silences, il vaut mieux savoir à quoi s’en tenir car le marché regorge de promesses douteuses.
Comparer les matériaux : timbre et expérience tactile
Un tableau qui dérange les idées reçues :
Matériau | Sonorité | Durabilité | Prix approximatif |
---|---|---|---|
Céramique | Rondeur, chaleur, précision; réverbération pure. | Moyenne (fragile aux chocs) | 40–300 € |
Argile | Sombre, mat, légèrement étouffé; rusticité typée. | Faible à moyenne | 50–150 € |
Bois | Timbre organique, instable selon hygrométrie. | Variable; sensible à l’humidité | 80–200 € |
Plastique | Sec, parfois criard; projection limitée. | Haute | 15–50 € |
Remarque obsédante : certains modèles en céramique italienne laissent entrevoir des micro-bulles dans l’émail – synonyme d’un timbre plus vibrant mais parfois instable sur la durée.
Configurations fréquentes : trous, tessiture et difficulté
- 6 trous : Tessiture limitée (généralement une octave); idéal débutants/enfants.
- 10 trous : Tessiture élargie (jusqu’à une octave et demie); niveau intermédiaire ou curieux voulant explorer plus de répertoire.
- 12 trous : Tessiture complète (jusqu’à deux octaves); destiné aux passionnés exigeants ou professionnels recherchant virtuosité ET nuances.
Une anecdote qui ne pardonne pas : croisé un musicien qui confondait son 6-trous avec un modèle « pro »... résultat : frustration chronique et attaque de fourmis sur scène!
Budget conseillé : éviter les pièges courants
Un bon ocarina commence vers 40 €, mais il faut tabler entre 100 € et 300 € pour un instrument professionnel digne de ce nom. Méfiez-vous des imitations vendues trop bon marché :
Entre deux silences, souvenez-vous que le prix reflète rarement toute la vérité sur l’histoire secrète gravée dans chaque souffle.
Premiers pas et techniques de base pour jouer de l’ocarina
Posture, tenue de l’instrument et souffle
Soyons clairs : la première faute des débutants n’est ni la main gauche crispée, ni le souffle trop faible, mais l’oubli du corps. L’ocarina se pose entre les deux paumes, pouces à l’arrière, index et majeurs sur les trous principaux. Les autres doigts stabilisent discrètement l’instrument – jamais en tension, toujours prêts à libérer l’air. Adoptez une posture droite (debout ou assis), épaules relâchées, coudes légèrement décollés.
Le souffle vient du bas du ventre : il faut éviter tout gonflement thoracique inutile! C’est le diaphragme qui dirige la pression d’air, pour un flux stable et contrôlé. La céramique glisse sous la paume, transmettant ses vibrations – sensation obsédante quand le bois ou la terre chaude restitue chaque pulsation de votre respiration, comme si vous dialoguiez avec une mémoire ancienne…
Doigtés fondamentaux et exercices débutants
Oui, les doigtés sont tout sauf universels – chaque ocarina a son caprice! Mais pour démarrer :
- Étape 1: Bouchez tous les trous (note la plus grave)
- Étape 2: Jouez en enlevant un doigt à la fois (de l’auriculaire jusqu’à l’index)
- Étape 3: Soufflez doucement, puis variez l’intensité pour sentir l’effet sur la justesse
- Étape 4: Alternez rapidement deux notes voisines (exercice de coordination)
- Étape 5: Enchaînez quatre notes montantes puis descendantes sans interruption
Checklist :
- [ ] Tenue stable sans tension dans les poignets
- [ ] Position précise des doigts sur chaque trou
- [ ] Souffle constant testé à chaque étape
Anecdote : j’ai croisé un facteur qui collait un cheveu sur le trou principal pour vérifier si l’élève bouchait correctement… Radical.
« Entre deux silences » : développer son oreille et sa musicalité
Ce n’est pas anodin : apprendre une gamme de notes ne sert à rien si on ne développe pas une écoute intérieure affûtée. L’oreille musicale naît dans cet espace entre deux silences – là où l’on entend ce que le souffle ne dit pas encore. Takashi Aketagawa travaille chaque nuance comme un calligraphe obsessionnel ; Nancy Rumbel improvise parfois trois minutes juste sur deux notes pour explorer toute leur couleur.
Rien n’est plus précieux qu’un moment d’écoute active : soufflez une note, fermez les yeux et laissez-la résonner jusqu’au bout du silence.
Variantes et innovations : ocarinas doubles, Zelda et au-delà
Soyons clairs : l’ocarina multicanal n’est pas un simple caprice d’inventeur, mais une révolution ergonomique. Les modèles doubles ou triples possèdent plusieurs chambres résonantes juxtaposées, chacune dotée de son propre sifflet et ensemble de trous : on passe d’une tessiture étriquée à deux, voire trois octaves complètes, sans aucun artifice électronique. Leur maniement requiert une coordination digitale quasi acrobatique – la moindre hésitation et c’est la cacophonie assurée ! Les créations archéologiques de Runik révèlent que cette quête de diversité sonore remonte à plus de 8000 ans, même si les instruments contemporains visent surtout la virtuosité spectaculaire.
L’ocarina de Zelda : un raz-de-marée culturel
Ce n’est pas anodin : depuis "Ocarina of Time", la demande explose – le jeu a imposé l’image d’un instrument mystique, propulsant John Taylor (facteur britannique) et une nuée de youtubeurs vers un statut culte. La communauté YouTube déborde littéralement d’interprétations, tutos et covers geek ; entre deux silences, difficile désormais de dissocier le pixel du souffle !
Technologies nouvelles : ocarina électronique et applications mobiles
Soyons honnêtes : deux applis dominent la scène – "Ocarina" par Smule (iOS) transforme votre smartphone en flûte sensible au souffle et aux doigts ; "Ocarina2" (également iOS/Android) ajoute des modes multijoueurs délirants. Mention spéciale au prototype Ocarina Player connecté (microUSB), qui permet d’enregistrer et moduler numériquement chaque note – hérésie pour les puristes, mais tremplin pour les créateurs.
Conclusion : conseils clés pour devenir ocariniste
Qui pense encore que souffler dans une céramique ovoïde suffit à comprendre l’ocarina se fourvoie cruellement ! Soyons clairs, progresser demande autant d’obstination que d’écoute intérieure. Ce n’est pas anodin : l’essentiel réside dans la pratique régulière et le partage avec d’autres curieux obsédés.
Checklist pour franchir le pas sans se perdre :
- Choisir un bon instrument (pas de pacotille, vérifiez l’accord et l’ergonomie)
- Pratiquer quotidiennement (même dix minutes entre deux silences)
- Explorer les répertoires (traditionnels ET contemporains !)
- Partager en communauté (ateliers, festivals, forums – c’est là que se forge la vraie musicalité)

Impossible de progresser seul dans sa grotte : osez franchir le seuil d’un atelier ou d’un festival, même si cela implique de croiser des maniaques du vibrato ou des collectionneurs bavards – entre deux silences, c’est là que tout commence vraiment.