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Metallica Stade de France live report : le compte-rendu complet du concert M72 World Tour

Metallica signait son retour au Stade de France, pour deux concerts d’anthologie. On était à la première soirée (et on s’en est à peine remis).

16 min
Les instruments
21 October 2025 à 13h49

Le 17 mai 2019, Metallica foulait pour la première fois la pelouse du Stade de France. Le 17 mai 2023, le groupe célébrait les 40 ans de son tout premier concert. Le 17 mai 2024, il s’apprête à donner l’un des shows les plus attendus de l’année au Download Festival. Ce n’est pas un hasard : le quatuor californien voue une affection toute particulière pour son public français. La réciproque est tout aussi vraie. Après 4 ans d’absence et dans le cadre de son « No Repeat Weekend » (deux concerts, deux setlists uniques), la rencontre promettait d’être mémorable. La promesse a-t-elle été tenue ? Soyons clairs : on n’a jamais rien vu ni entendu de tel.

Metallica au Stade de France : un séisme sonore dans la nuit parisienne ⚡

Stade de France illuminé avant Metallica

L'anticipation qui précède un concert de Metallica n'a rien d'une attente ordinaire : c'est une montée collective, un grondement souterrain qui se propage sous le macadam de la banlieue nord, jusqu'à faire vibrer les entrailles du Stade de France. Les fans affluent par vagues, certains arborant des vestes patchées qui sentent l’histoire, d'autres venus dénuder leur crâne à la lune pour célébrer ce « No Repeat Weekend » – promesse rare et intrigante : deux soirs, deux setlists totalement différentes, chaque nuit révélant une facette cachée du monstre thrash metal. Ce n’est pas anodin ! On ne vient pas ici pour cocher des titres sur une playlist Spotify. On vient pour vivre une expérience sonore brute, un uppercut auditif dont on portera le bleu comme un souvenir précieux.

« Le ‘No Repeat Weekend’, c’est la volonté de repousser les frontières du rituel rock, d’offrir à chaque instant une irruption inattendue dans la mémoire collective. »

Metallica, soyons honnêtes – quelle légende tient encore debout après quatre décennies à ce niveau-là ? Voilà un groupe né au croisement des années 80, là où le métal s’est forgé dans la sueur et la marge, dont les premiers riffs hurlés étaient déjà plus tranchants que des sabres mongols. Leur impact est aussi profond qu’un gong balinais frappé au petit matin lors d’une cérémonie sacrée – sauf qu’ici, chaque pulsation traverse l’ossature entière.

Entre deux silences (et il faut l’entendre !), le Stade de France se mue en gigantesque caisse de résonance. Plus qu’un stade : un temple, prêt à accueillir l’orage métallique. J’ai vu des cathédrales vibrer sous les chœurs grégoriens ; j’ai rarement senti un édifice moderne promettre pareille transe collective. Ce soir-là – ou plutôt ces deux soirs –, ce n’est pas Paris qui tremble, mais le monde du rock lui-même.

L’ascension vers le cœur du « M72 World Tour » : les premières parties qui chauffent la foule 🔥

Ouvrir pour Metallica au Stade de France, ce n’est pas lancer trois accords en fond de salle pendant que les fans boivent une bière tiède. C’est initier un rituel sonore où chaque groupe est convié à façonner l’excitation brute, comme différents luthiers viendraient présenter leurs instruments magiques avant que le maître de cérémonie ne fasse résonner le gong final. Mammoth WVH, Architects et Ice Nine Kills : trois univers, trois manières d’attaquer la matière sonore. Entre deux silences pesants et l’attente, voici comment ils ont avalé la scène.

Mammoth WVH : l’héritage de Van Halen résonne sous les projecteurs

Wolfgang Van Halen en ouverture d’un concert de Metallica – ce n’est pas anodin. Le fils d’Eddie promène sur scène un héritage lourd comme une basse fretless africaine, celle qui vibre encore du génie de son père. Mammoth WVH ne se contente pas de vivre dans l’ombre. Leur rock massif, précis, presque clinique parfois, martèle des riffs aussi brillants qu’une steel guitar lapidée dans le désert Mojave. Wolfgang pose sa voix avec une sobriété inédite dans l’arène du metal moderne – sorte de lyra crétoise revisitée à la sauce overdrive.

Ce soir-là, dans une lumière tamisée par les premiers rayons des projecteurs géants du Stade de France, j’ai senti que chaque note était jetée comme une offrande à la mémoire du rock. Anecdote coup de poing : certains fans racontent avoir vu Wolfgang accorder sa guitare en coulisse à la main nue – sans accordeurs électroniques –, à l’instinct pur ! Qui peut encore faire ça ?

Architects : l’assaut mélodique et puissant du metalcore

Architects live première partie Metallica Stade de France M72 World Tour

Architects débarquent sur scène comme on fracasse un gong chinois lors d’une veillée funèbre : intensité maximale, aucune place pour le doute ou le superflu. Leur metalcore est un mélange chirurgical entre rugissements abyssaux et envolées mélodiques – batterie métronomique façon taiko japonais dopé aux stéroïdes ! Tom Searle (pour toujours gravé dans les vibrations), Sam Carter hurle et implore dans son micro avec une rage pure dont seule la tradition orale sait garder la mémoire.

La voix ici devient percussive, presque incantatoire. Il y a quelque chose dans la dynamique Architects qui rappelle ces ensembles polyphoniques géorgiens où chaque timbre est poli à vif pour convoquer les dieux du son moderne. Pour ceux que le metalcore intrigue ou hérisse (beaucoup restent à convaincre), l’histoire du metalcore est une plongée qui mérite plus qu’un détour.

Ice Nine Kills : la théâtralité horrifique au service du metal

Ice Nine Kills a débarqué masqués, capes et hachoirs en plastique brandis façon Nô japonais revisité par Wes Craven… Oui ! Leur set est moins un simple concert qu’un théâtre sanglant où chaque chanson s’incarne physiquement sur scène – hurlements stridents, costumes changeants et breaks qui claquent comme des sabres sur l’enclume.

Leur force est de maîtriser l’art du contraste sonore : Spencer Charnas module sa voix comme on manipule un oud persan – délicatement sinistre puis soudainement explosive. La guitare racle et grince façon erhu chinois désaccordé après un cyclone ; tout cela sous les stroboscopes agressifs qui découpent le public en ombres mouvantes. Anecdote véridique : des spectateurs affirment qu’une fausse pluie de sang a éclaboussé la première rangée… entre peur et fascination rituelle.

Entre ces trois ensembles bien distincts se tisse une palette d’émotions rarement égalée en ouverture de méga-concert métal. Chaque groupe s’est imposé non pas comme simple amuse-gueule, mais comme véritable gardien d’un rite millénaire revisité par les guitares électriques.

La « M72 World Tour » déchaîne le Stade de France : le cœur du concert de Metallica

L’entrée fracassante : James Hetfield, Kirk Hammett, Lars Ulrich, Robert Trujillo, l’alchimie d’un quatuor mythique

On ne pénètre pas dans l’espace scénique d’un concert de Metallica comme on feuillette un vieux recueil poussiéreux. Non. Le quatuor débarque sans prévenir, la lumière se contracte, les poils se hérissent – on devine l’arrivée avant même d’apercevoir une silhouette. Hetfield martèle le sol en chef de clan, ses yeux brûlent plus fort que les projecteurs – cette intensité n’a rien d’une pose. Les premiers coups de médiator font l’effet d’un gamelan javanais frappé à mains nues : sec, métallique, ancestral.

Kirk Hammett, guitariste alchimiste à la chevelure parcheminée par les années et les solos incandescents ; Lars Ulrich derrière les fûts, équivalent moderne des grands batteurs rituels africains – chaque roulement évoque la transe des maîtres djembés ou le martèlement d’un tambour bata cubain invoquant les esprits. Robert Trujillo, dos cambré sur sa basse comme un joueur de guembri marocain, pulse, grogne, la matière sonore tremble.

Le son Metallica sur scène est une tôle froissée par la foudre, mais c’est aussi une architecture polyphonique où chaque note s’incruste dans l’air avec obsession. L’entrée du groupe agit comme le déclencheur d’une cérémonie païenne. Il y a là-dedans du Velvet Underground pour la rugosité brute et une pincée d’Ennio Morricone lorsque s’élèvent les intros cinématiques (l’ombre du maestro plane). Entre deux silences – ceux qui précèdent la bourrasque –, tout est possible.

La setlist : un voyage initiatique à travers les classiques et les nouveautés de « 72 Seasons »

La setlist du « M72 World Tour » n’a rien d’un alignement paresseux de tubes. C’est un parcours initiatique – une bouffée de passé (les hymnes), des éclats récents (les titres du volcanique « 72 Seasons »). Sur ces planches glissent sans vergogne des classiques immortels et des morceaux nouveaux-nés qui cherchent déjà leurs cicatrices.

Titres phares interprétés au Stade de France :
- Creeping Death
- Harvester of Sorrow
- Cyanide
- King Nothing
- 72 Seasons
- If Darkness Had a Son
- Welcome Home (Sanitarium)
- You Must Burn!
- The Day That Never Comes
- Sad But True
- Nothing Else Matters
- Master of Puppets
- Seek & Destroy

Chaque morceau s’enchaîne avec une articulation féroce : « Creeping Death », ce cri primitif qui convoque toute la cosmogonie thrash metal façon Venom ou Exodus (mais gravé à jamais dans le marbre sonore des années 80). Les nouveaux morceaux prennent leur place avec arrogance : « 72 Seasons », rugueux comme un tambourin berbère que personne n’aurait jamais daigné accorder – toute l’énergie brute y est.

Hammett explose littéralement sur ses solos : aucune note superflue ; son jeu rappelle parfois la virtuosité sèche d’un joueur de kora malienne en pleine improvisation nocturne. Lars Ulrich et son kit semblent converser directement avec le public : cymbales martelées jusqu’à la rupture – ce n’est pas anodin –, toms qui grondent comme des orages sacrés.

Il faut voir (et sentir) ces breakdowns massifs sur « Sad But True », où tout le stade résonne tel un ensemble de gongs coréens frappant à l’unisson sous la pluie. Entre deux riffs assassins et quelques pauses vocales outrageusement maîtrisées par Hetfield, on comprend enfin pourquoi cette musique imprime sa marque dans le cortex collectif.

Les moments forts : riffs emblématiques, solos incendiaires et breakdowns assourdissants

Impossible de passer sous silence certains points culminationnels :
- L’éclat furieux du riff inaugural sur « Harvester of Sorrow »
- Le solo insensé sur « Master of Puppets », digne d’un duel entre sitar indien et guitare fuzz apocalyptique !
- La montée spectaculaire sur « Nothing Else Matters », suspendue entre deux respirations universelles.

La section rythmique ne lâche jamais : Trujillo martelant sa basse à mains ouvertes tel un batteur gnawa dans une nuit blanche marocaine ; Ulrich atomisant chaque break comme si le kit tout entier devait invoquer la tempête… Peu de groupes osent encore laisser tant de place aux textures percussives dans un stade aussi tentaculaire.

Le « Snake Pit » et les « Moshpits » : la ferveur collective en action

Le Snake Pit est le cœur palpitant planté au milieu du cercle sacré : ici, pas question de simple proximité physique, mais bien d’immersion totale dans l’onde sonore originelle. C’est là que se joue la communion ultime – certains affirment même que l’intensité des moshpits décroît légèrement ici… parce que beaucoup sont déjà trop vieux pour foncer tête baissée ! Mais attention : il ne s’agit pas d’une torpeur sénile, mais plutôt d’une sagesse tribale acquise après des années à tourner dans l’arène metal.

Les moshpits eux-mêmes s’enroulent tels des cercles chamaniques autour du feu central : chaque bond collectif devient rite initiatique ; chaque chute appelle une main amie. Difficile alors de ne pas songer aux cérémonies pygmées ou inuit où la vibration commune dépasse toute notion individuelle pour devenir expérience totale.

La diversité générationnelle frappe en plein cœur : ados frénétiques et quadras tatoués partagent le même frisson que quelques retraités survitaminés venus transmettre le flambeau rythmique – sous la bannière noire de Metallica.

Ce brassage humain donne à ces concerts leur puissance inimitable : un patchwork sonore et charnel qui échappe à toute analyse académique rigide pour retrouver quelque chose du premier cri humain partagé autour du feu… Entre deux silences – ce soir-là –, Paris a entendu battre le cœur ancestral du metal.

Au-delà de la musique : l’expérience sensorielle et émotionnelle d’un concert de Metallica

Stade de France illuminé pendant Metallica, jeux de lumières et foule en transe

On ne vient pas à Metallica au Stade de France pour écouter une jolie mélodie, assis bien sagement. Ce n’est pas un concert, c’est un impact. La puissance du son est une onde physique, qui traverse littéralement – impossible de décrire autrement ce mur d’amplis et de vibrations qui secoue la moindre fibre du corps. Imaginez : chaque coup de double pédale sur la batterie résonne comme si l’on frappait un gong colossal au fond des tripes, une onde qui ondule dans la cage thoracique avant de remonter jusqu’aux dents… Ce n’est pas anodin ! J’ai même ressenti, pendant les distorsions hantées d’« If Darkness Had a Son », cette sorte de flottement : comme lorsque le souffle grave d’un orgue ancestral remplit une nef gothique. Sauf qu’ici, ce sanctuaire est ouvert aux quatre vents et que 80 000 fidèles partagent la même secousse. 🤯

La scénographie refuse toute discrétion : lumière blanche éclatante ou halos rouges sang qui découpent la scène circulaire — rien n’est laissé au hasard. Les jeux de lumières sont pensés comme autant d’éclairs synchronisés sur les riffs incandescents ; ils frappent l’air comme des fouets optiques, sculptant dans la nuit des architectures éphémères dont on garde la rétine brûlée longtemps après. Le cercle scénique du « M72 World Tour » explose tous les codes : impossible de se cacher derrière une pile de baffles ou un rideau noir – tout est offert à 360°, chaque fragment du show visible du moindre recoin.

« Voir Metallica sous ces faisceaux laser géants, c’est vivre l’équivalent sonore et visuel d’une cérémonie chamane moderne – entre deux silences, chaque rayon devient incantation. »

Le vrai miracle vient de la communion. Ici, impossible d’ignorer cette ferveur collective qui déborde toutes les barrières. Je me suis retrouvé serrée contre trois générations réunies : un père tatoué chante fort avec sa fille en sweat à capuche trop grande ; deux amis italiens brandissent un drapeau trempé par la bière ; derrière moi, une grand-mère headbange doucement sans perdre son sourire. Entre les pogos rugueux du Snake Pit et les accolades improvisées dans les gradins, il flotte quelque chose qu’on ne voit jamais ailleurs. C’est comme si chacun portait dans sa mémoire corporelle la vibration primitive d’une flûte aborigène soufflée autrefois au cœur du désert — sauf qu’ici ce sont les guitares saturées qui propagent le feu.

Anecdote étrange : j’ai surpris un groupe de fans discutant technique guitare sur la passerelle piétonne avant le rappel (oui ! entre deux breakdowns furieux). L’un sort alors un vieux médiator usé à force de concerts et le passe à son voisin — sorte d’offrande dérisoire mais sacrée, preuve que chez Metallica chaque objet chargé d’histoire devient talisman partagé.

Ce brassage humain donne son sens profond à l’expérience live : plus qu’un public, une tribu éphémère mais inoubliable où l’énergie circule comme autour d’un feu sacré. La nuit retombe ; personne ici ne repart vraiment indemne.

Le murmure persistant de la « M72 World Tour »

La foule quitte le Stade de France, énergie du concert Metallica encore vibrante dans la nuit

Il est rare qu’un événement laisse derrière lui une trace aussi tenace. Quand les lumières s’éteignent au Stade de France, ce n’est pas simplement la fin d’un concert de Metallica. C’est un souffle, une onde terrible et belle qui continue d’irradier les nervures du bitume et des souvenirs. L’impact du « M72 World Tour » se mesure bien plus dans la mémoire collective que sur un programme imprimé.

Synthèse : les traces indélébiles de la soirée Metallica à Paris

  • L’expérience a dépassé la simple performance musicale, devenant un véritable rituel partagé où chaque riff s’est ancré dans le corps social.
  • La diversité des générations réunies prouve que le thrash metal a définitivement migré hors des marges pour devenir un patrimoine sonore mondial.
  • La puissance frontale des morceaux, l’audace scénique et l’énergie brute ont transformé une foule disparate en tribu éphémère, mais soudée.
  • Les premiers groupes (Mammoth WVH, Architects, Ice Nine Kills) ont contribué à façonner une dramaturgie sonore digne d’un palimpseste ethnomusicologique moderne.

L’énergie des riffs, comme celle des instruments anciens façonnés à même l’écorce ou l’argile, continue de résonner longtemps après la dernière note. Le Stade de France, vidé de ses milliers de fidèles, bruisse encore du passage de cette cérémonie contemporaine où le métal n’a rien perdu de son pouvoir originel.

Entre deux silences – le murmure demeure ; expérience vécue autant qu’observée. Si l’ethnomusicologie trouve aujourd’hui matière dans ces grands rassemblements électriques, c’est bien parce que chaque spectateur repart porteur d’une vibration unique – témoin discret d’une mémoire collective forgée sous le choc du « M72 World Tour ».

Que ceux qui doutent encore écoutent simplement la nuit parisienne… Il subsiste toujours – inaltérée – cette onde grave et puissante : Metallica a joué ici, et rien ne sera jamais tout à fait pareil.

Metallica Stade de France live report : le compte-rendu complet du concert M72 World Tour

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