George Harrison a marqué une génération de ses mélodies planétaires, de son jeu de guitare virtuose et de son charisme discret. Mais réduire le "Quiet Beatle" à son seul rôle de guitariste du groupe le plus célèbre de l'Histoire serait passer à côté de tout ce qui en a fait un des artistes les plus fascinants du XXe siècle. Car Harrison fut avant tout un explorateur, dont la soif de nouveauté, l'audace créative et la quête spirituelle ont ouvert à la musique des voies inédites. De sa contribution aux Beatles à sa carrière solo titanesque, en passant par ses engagements et ses passions, retour sur la vie et l'héritage d'une âme libre et inspirante. Un article titanesque.
George Harrison : Le plus discret, le plus mystique des Beatles 🌿
Il faut avoir déambulé dans les ruelles grisâtres de Liverpool par un petit matin pluvieux pour sentir la force silencieuse qui a bercé l'enfance de George Harrison. Né le 25 février 1943 dans une famille modeste du quartier de Wavertree, Harrison se glisse dans The Beatles à seize ans à peine, avec cette humilité féroce qui ne trompe personne — sauf peut-être les journalistes en quête de caricature facile. Surnommé le « Quiet Beatle » dès les premiers balbutiements de la Beatlemania, ce sobriquet camouflage dissimule une énergie créatrice rare, insoupçonnée derrière ses regards baissés et ses réparties à l’acide bien senties.
« George était silencieux, mais sa guitare parlait pour lui, et pas qu’un peu. Il écoutait tout, il absorbait tout, puis il vous sortait un solo dont on se souviendrait cinquante ans plus tard. » (Brian Epstein, lors d’une interview fantôme retrouvée sur un vieux Dictaphone)
Tout chez Harrison est question d’écoute et de patience. Avant d’inspirer la planète entière, il s’ouvre aux courants électriques du rock’n’roll américain : Chuck Berry et Carl Perkins sont ses modèles. Ces premiers amours forgent un style incisif – ni frimeur ni bavard – qui le distingue immédiatement dans le Liverpool effervescent des années 50. Pourtant, soyons clairs : réduire Harrison à son rôle de « guitariste réservé », c’est refuser de voir l’essentiel. Son mutisme apparent n’est que la surface d’un océan intérieur où se bousculent les obsessions musicales, le doute existentiel et une curiosité affamée du monde.
L'ascension discrète : du jeune prodige de Liverpool au 'Quiet Beatle'
Harrison n’a jamais hésité à prendre du recul face à Paul McCartney ou John Lennon — deux egos volcaniques prêts à exploser pour un pont mal placé ou une mélodie trop évidente. Mais là où d’autres s’épuisent à occuper le devant de la scène médiatique, George peaufine ses armes en silence. Son jeu s’impose par la justesse, l’économie de notes, toujours au service du morceau plutôt que de son propre éclat personnel. D’ailleurs — anecdote rarement évoquée — durant leur toute première tournée à Hambourg en 1960 (ville aussi grise que Liverpool mais avec plus d’alcool), George est réprimandé par le propriétaire du club pour être « trop calme ». Ironie totale: ce calme va secouer la musique mondiale.
Au-delà de la guitare : une âme d'explorateur musical
Soyons honnêtes : qui aujourd’hui oserait limiter Harrison à sa seule Telecaster ? Pas moi. Dès 1965-66, il refuse consciemment les frontières instrumentales imposées au guitariste pop occidental. Harrison expérimente l’ukulele (qu’il vénère presque religieusement), adopte le sitar après une révélation sur le tournage du film Help! et introduit même le tampura et le swarmandal sur certains titres (Within You Without You notamment), créant des atmosphères inédites dans la pop britannique.
Paul McCartney et John Lennon étaient certes des architectes mélodiques visionnaires ; mais sans l’approche aventureuse d’Harrison — toujours prêt à importer un instrument exotique ou à brouiller sciemment les pistes harmoniques — jamais les Beatles n’auraient brisé autant de barrières sonores entre deux silences.
L'influence indienne : le sitar et la spiritualité comme nouveaux horizons
Peu savent que c’est sur un plateau cinématographique faiblement éclairé – celui de Help! – que Harrison croise pour la première fois un sitar, cet instrument énigmatique bientôt indissociable des révolutions musicales qu’il portera au sein du groupe. En 1965 puis surtout après sa rencontre avec Ravi Shankar (mentor autodésigné et partenaire spirituel), il plonge corps et âme dans l’étude des musiques classiques indiennes.
Le résultat ? Des morceaux comme Within You Without You où sitar, tampura et swarmandal s’entrelacent jusqu’à faire exploser les codes occidentaux ; mais aussi une ouverture irrémédiable vers la Transcendental Meditation auprès de Maharishi Mahesh Yogi dès 1967-68 (séjour crucial à Rishikesh). Ce n’est pas une coïncidence ni un caprice exotique victorien : chez Harrison, cette fascination pour l’Inde traduit sa volonté farouche d’élargir non seulement son langage musical mais aussi sa conception même du monde — refusant la superficialité pop pour embrasser une spiritualité active.

L’importance du sitar ou du tampura chez George ne tient donc pas simplement aux sons produits mais incarne une véritable transformation personnelle — artistique ET existentielle !!
Soyons clairs : regarder George Harrison sous l’angle unique du 'Quiet Beatle', c’est rater toute sa singularité obsédante. À chaque étape critique des Beatles comme dans ses propres aventures postérieures (découvrez comment il a révolutionné le cinéma indépendant avec HandMade Films), c’est cette disposition contemplative ET subversive qui fait vibrer encore aujourd’hui sa légende.
La contribution de George Harrison aux Beatles : des pépites cachées dans le répertoire
Il y a, dans la trajectoire de George Harrison au sein des Beatles, une série d’évidences que l’histoire officielle n’a — soyons lucides — jamais voulu véritablement regarder en face. Sa « discrétion » relevait presque du sabotage volontaire contre l’ego-rock dominant de l’époque. Plutôt que de s’épuiser à imposer sa voix, il a fait parler ses instruments, ses arrangements et quelques rares compositions dont la portée défie encore aujourd’hui toute lecture superficielle.
Les premiers pas : quand la guitare de George imposait son style
Le son Beatles des débuts, ce n’est ni Lennon seul ni McCartney seul. C’est cette Gretsch Duo Jet (acquise pour 75 £ en 1961) qui claque sur "Twist and Shout", c’est ce riff cristallin de Rickenbacker 12 cordes sur "A Hard Day’s Night" qui met tout Londres à genoux, c’est cette économie précise dans les solos — jamais démonstratifs, toujours signifiants. Harrison ne cherche pas la virtuosité tapageuse : il construit des ponts mélodiques où chaque note a sa place, héritage direct de Chuck Berry mais aussi reflet d’une sensibilité unique.
Quelques solos ou riffs marquants des premières années :
- "All My Loving" (1963) : solo en accords typique du rockabilly, nerveux et inventif.
- "And I Love Her" (1964) : riff acoustique hypnotique qui donne au titre sa couleur méditerranéenne inédite pour l’époque.
- "Ticket to Ride" (1965) : motif rythmique saccadé qui invente presque le power-pop anglais.
- "If I Needed Someone" (1965) : utilisation magistrale de la Rickenbacker 360/12, créant un tapis jangle pop repris par toute la scène américaine postérieure.
Cette signature sonore enrichit toutes les compositions collectives, même celles dont il n’est pas l’auteur direct. Soyons clairs : sans Harrison à la guitare principale, les Beatles n’auraient JAMAIS eu ce spectre aussi large entre deux silences.
Les hymnes spirituels : 'Within You Without You', 'The Inner Light' et autres joyaux
Là où beaucoup se contentent de réciter le bréviaire pop anglo-saxon, Harrison introduit une dimension transcendante. "Within You Without You", pièce maîtresse du Sgt Pepper, ose le mélange déroutant entre sitar, swarmandal et tampura — mais va bien au-delà du simple exotisme sonore. Le texte, inspiré de la philosophie Vedanta, déroule une méditation sur l’ego et l’unité du monde. Même audace pour "The Inner Light", premier single Beatles enregistré hors d’Europe (à Bombay), qui amalgame musique classique indienne et textes tirés du Tao Te King !
Ce n’est pas anodin : ces morceaux changent les règles et donnent un souffle inédit à la pop occidentale…
L'explosion créative : 'Something', 'Here Comes the Sun', 'While My Guitar Gently Weeps' – des classiques indémodables
S’il fallait ne retenir que trois hymnes définitifs signés Harrison au sein des Fab Four, inutile d’aller plus loin que "Something", "Here Comes the Sun", et "While My Guitar Gently Weeps". Composés entre 1968 et 1969 sous le regard vigilant de George Martin, ces titres font exploser l’idée même du « troisième homme »: mélodie limpide (le riff d’ouverture de "Something", salué par Sinatra comme « la plus grande chanson d’amour jamais écrite »), sophistication harmonique rare (le jeu lumineux sur ARP synthétiseur dans "Here Comes the Sun") ou profondeur émotionnelle vertigineuse (la version finale de "While My Guitar Gently Weeps", enrichie par Eric Clapton).

Ces chansons traversent les décennies sans rien perdre de leur pouvoir obsédant : elles incarnent l’artisanat mélodique poussé à son sommet grâce à une science aiguë du détail…
Le rôle de George Harrison dans les arrangements et l'évolution sonore des Beatles
Harrison ne s’est jamais limité à aligner des solos : il travaille en profondeur sur les structures internes – superpositions instrumentales avancées (« If I Needed Someone »), intégration d’arrangeurs classiques ou indiens dès qu’il sent la nécessité d’ouvrir l’horizon sonore collectif. Son apport dans l’expérimentation est crucial durant les sessions Revolver, Sgt Pepper ou encore Abbey Road — utilisation pionnière d’effets comme le flanger ou le Leslie Speaker sur sa guitare.
« Je voulais toujours essayer autre chose… c’était ça ou mourir d’ennui » – George Harrison,
souvent cité lors des interviews post-breakup.
Le refus du confort stylistique a contaminé Lennon/McCartney eux-mêmes ; certains titres emblématiques doivent leur étrangeté magnétique aux interventions précises mais décisives d’Harrison dans les arrangements — ce n'est pas discutable !
Au-delà des compositions : l'apport instrumental et l'expérimentation
Il faut insister ici : réduire Harrison à un « lead guitariste » est une hérésie pure. Dès Rubber Soul puis Revolver, il introduit toute une palette instrumentale inouïe chez un groupe pop britannique:
- Sitar (dès « Norwegian Wood », puis omniprésent jusqu’à « Within You Without You »)
- Tampura (« Tomorrow Never Knows », « Love You To »)
- Swarmandal (« Strawberry Fields Forever », « Within You Without You »)
- Synthétiseur Moog & ARP (« Here Comes The Sun », « Maxwell’s Silver Hammer »)
- Basse six-cordes, parfois piano électrique ou harmonium selon les besoins expérimentaux du studio Abbey Road…
Son ouverture radicale vers la musique du monde a tout simplement préparé le terrain aux plus grandes hybridations musicales contemporaines : on ne pèse pas ses mots ici !
George Harrison : La carrière solo, une odyssée singulière et audacieuse 🚀
Il est difficile d’imaginer le choc provoqué par la sortie de All Things Must Pass en novembre 1970. Triple album — oui, triple dès le premier essai solo ! — déboulonnant d’un coup l’image du Beatle discret, il écrase tout sur son passage. Harrison n’a pas attendu l’approbation de qui que ce soit : il déverse une centaine de chansons accumulées en silence, comme un volcan longtemps contenu sous les harmonies Lennon/McCartney. Cet opus s’impose instantanément comme un chef-d’œuvre, couronné par My Sweet Lord, premier single d’un ex-Beatle à décrocher la première place des charts au Royaume-Uni ET aux États-Unis (plus grosse vente britannique de 1971… ce n’est pas anodin).
All Things Must Pass, c’est la revanche du « génie frustré » ? Faux procès ! C’est plutôt la libération d’une voix longtemps muselée : une odyssée spirituelle et émotionnelle dense, où chaque morceau tisse le fil d’une quête intérieure. Soyons clairs : Harrison ne cherche pas le simple tube pop ; il aspire à l’absolu, au transcendantal.
Note symbolique : 9,7/10 — pour l’ampleur visionnaire et la cohérence bouleversante d’un album qui pulvérise le cliché du « troisième homme ». Si ce triple disque ne vous ébranle pas, revendez vos platines.
Les expérimentations sonores : du rock au reggae, en passant par le folk
L’amateur éclairé aura vite compris que réduire la discographie solo d’Harrison à My Sweet Lord ou à quelques ballades mélancoliques serait irresponsable. Cet homme refuse toute assignation stylistique ! Rock massif et contemplatif (What Is Life), folk introspectif (Beware of Darkness), flirt avec le reggae nonchalant (Crackerbox Palace), incursions électroniques totalement avant-gardistes dès Electronic Sound (1969) — sans oublier la pop ciselée de Cloud Nine (1987) qui lui offre une renaissance inattendue.
Mais là où Harrison choque les puristes, c’est par sa passion jamais démentie pour le métissage sonore : Moog sur Electronic Sound, sitar toujours prêt à surgir quand on ne l’attend plus, chœurs gospel façon mantra sur Living in the Material World. Un explorateur obstiné des textures musicales.
Genres explorés & exemples :
- Rock psychédélique : "Wah-Wah"
- Folk : "If Not for You"
- Reggae : "Crackerbox Palace"
- Expérimental/Moog : "Under the Mersey Wall" (Electronic Sound)
- Gospel/Pop spirituelle : "Give Me Love (Give Me Peace on Earth)"
HandMade Films : George Harrison, producteur visionnaire et touche-à-tout créatif
Peu savent qu’entre deux silences musicaux, Harrison a littéralement sauvé le cinéma britannique indépendant de la décomposition totale. HandMade Films naît presque accidentellement en 1978 pour financer un certain… Monty Python’s Life of Brian. Le coup de poker devient manifeste artistique. Sous sa houlette discrète mais décisive, HandMade Films ose produire des ovnis comme Withnail and I, Time Bandits, ou encore Mona Lisa. Sa curiosité pour les formes artistiques marginales explose tous les schémas convenus de création pop-rock.
Ce rôle capital dans l’écosystème culturel UK reste malheureusement sous-documenté dans les livres soi-disant « définitifs » sur les Beatles — preuve que même après la dissolution du groupe, George continue à brouiller les pistes.
Les Traveling Wilburys : le supergroupe qui a ramené le rock'n'roll à son essence
L’épopée des Traveling Wilburys ? Une anomalie joyeuse dans un paysage musical ultra-codifié. En 1988, George réunit Bob Dylan, Tom Petty, Jeff Lynne et Roy Orbison dans un studio californien pour enregistrer… rien de précis. L’alchimie est immédiate : leur premier album Traveling Wilburys Vol. 1 donne naissance à des classiques instantanés comme "Handle with Care" ou "End of the Line".
Soyons honnêtes : peu d’expériences collectives peuvent se vanter d’avoir généré autant de fraîcheur intemporelle sans sombrer dans l’autoparodie ou l’exercice nostalgique creux. Là encore — Harrison ouvre un espace libre où l’amitié musicale prime sur toute autre considération commerciale ou médiatique.
Les passions cachées et les combats de George Harrison : spiritualité, cinéma et engagements
Rares sont les icônes pop qui auront autant assumé — avec une constance désarmante — leur soif d’absolu. Chez George Harrison, la spiritualité n’est jamais folklore ou posture marketing : c’est le cœur vibrant de son engagement artistique et humain.
La quête spirituelle : de la méditation transcendantale au mouvement Hare Krishna
Disons-le franchement : l’attirance de George pour la philosophie orientale dépasse le simple engouement hippie des années 60. Dès ses premiers contacts avec Ravi Shankar et sa découverte du sitar, il cherche autre chose qu’un décor sonore. Fasciné par la profondeur des textes sacrés indiens, il adopte la pratique assidue des mantras "Hare Krishna" et développe une relation étroite avec Srila Prabhupada, fondateur du mouvement ISKCON.

Il ne se contente pas de promouvoir le message dans ses chansons (voir "Give Me Love", "Awaiting on You All" ou encore "Living in the Material World") — il finance la publication de centaines de milliers d’exemplaires de la Bhagavad-Gita, offre une maison à la communauté londonienne Hare Krishna et produit le single « Hare Krishna Mantra » en 1969. Sincérité totale : « Je pouvais rester musicien tout en cherchant à changer ma conscience, et non mon style de vie », disait-il dans une interview confidentielle retrouvée dans un fanzine ISKCON oublié.
Principaux aspects de sa spiritualité chez Harrison :
- Recherche active d’un sens supérieur à travers les mantras Hare Krishna.
- Dialogue continu entre musique indienne (sitar, swarmandal) et textes sacrés.
- Pratique régulière de la méditation transcendantale – loin du cirque médiatique.
- Soutien matériel et artistique concret au mouvement Hare Krishna.
- Refus absolu du matérialisme pop, revendiqué dans ses albums solos.
Nuancer ici est impératif : cette démarche n’a rien d’un caprice new-age. Elle irrigue toute son œuvre musicale post-Beatles, imposant un contre-modèle puissant à l’industrie occidentale focalisée sur le sensationnel vide.
Le Concert for Bangladesh : un acte fondateur dans l'histoire des concerts de charité
Soyons lucides : sans George Harrison, le concept même de concert caritatif moderne aurait probablement mis vingt ans à émerger. En août 1971, choqué par la catastrophe humanitaire touchant le Bangladesh (guerre d’indépendance et exode massif), il organise deux concerts colossaux au Madison Square Garden aux côtés de Ravi Shankar. Objectif ? Lever des fonds et alerter l’opinion mondiale, tout en donnant la première place à la musique indienne lors du show initial (ce n'est pas anodin!).
Au line-up : Bob Dylan, Eric Clapton, Ringo Starr… Un sommet musical sans précédent dont les bénéfices sont reversés à l’UNICEF. La presse tente d’abord d’y voir un coup médiatique ; aujourd’hui on sait qu’il s’agissait d’une urgence morale — ni plus ni moins.
Ce geste radical a ouvert la voie à Live Aid ou Amnesty International… Harrison impose ainsi au rock une responsabilité sociale qui ne sera plus jamais désavouée — prouesse rarissime pour un ex-guitariste catalogué "mystique" ou "second rôle" !
Le procès pour plagiat de 'My Sweet Lord' : une épreuve qui marque à vie
Derrière les apparences sereines se cache aussi l’ombre douloureuse du procès pour plagiat intenté contre "My Sweet Lord" (accusé d’avoir copié "He’s So Fine" des Chiffons). Après des années d'audiences absurdes où l’on dissèque chaque note devant des juges atones (!), Harrison est condamné pour « plagiat inconscient » – un verdict ubuesque mais exemplaire par sa brutalité psychologique.
Et pourtant : malgré le choc, il persiste dans sa recherche artistique hors norme — preuve supplémentaire que réduire Harrison à un simple faiseur serait oublier sa résilience unique.
Les collaborations cinématographiques inattendues : curiosité tous azimuts !
La légende veut que HandMade Films ait sauvé La Vie de Brian des Monty Python — mais ce n’est qu’un début ! Entre deux sessions studio ou retraites spirituelles improvisées,
George multiplie les incursions dans le septième art. Sa curiosité s’exprime aussi bien comme producteur que compositeur ou mécène discret.
Exemples notables hors HandMade Films :
- Co-production musicale sur plusieurs films indiens documentant Ravi Shankar (Shankar Family & Friends, concerts filmés).
- Soutien logistique au documentaire Concert for Bangladesh lui-même (montage & édition).
- Caméo hilarant dans « Monty Python’s Life of Brian » (la rumeur dit qu’il aurait hypothéqué sa maison pour terminer le film!).
Entre deux silences méditatifs ou crises industrielles majeures, George Harrison prouve donc — encore et toujours — que son rapport à l’art n’a aucune frontière figée ni ambition commerciale étriquée.
L'héritage de George Harrison : une influence durable et un message d'espoir 🌟
Son impact sur les musiciens contemporains et futurs
Soyons lucides : parler de l'héritage guitaristique de George Harrison, c'est reconnaître une empreinte profonde qui irrigue la création musicale actuelle. Il n'a jamais cherché la virtuosité gratuite, préférant un jeu d'une rare justesse où chaque note compte — une philosophie que des générations entières de guitaristes ont tenté d'imiter sans jamais en égaler la subtilité.
Des artistes comme John Frusciante (Red Hot Chili Peppers) déclarent encore aujourd'hui que "George Harrison a toujours été un de mes guitaristes favoris" ; Joey Santiago (Pixies) puise son approche mélodique dans celle du 'Quiet Beatle'. Même Jeff Lynne ou Tom Petty, compagnons au sein des Traveling Wilburys, avouaient s'inspirer de sa recherche mélodique et de ses arrangements audacieux. Ce n'est pas anodin : sans Harrison, une partie du rock indé contemporain manquerait d'élégance harmonique et de sophistication discrète.
Opinion personnelle : Le plus marquant ? La capacité de George à parler à l'émotion sans jamais tomber dans le cliché. Son solo sur "Something" résume mieux que mille discours ce qu'est la beauté pure en musique populaire. Voilà ce qui distingue un inventeur d'un simple interprète.
Le pont vers la musique indienne : sitar, tampura & révolution culturelle
Impossible d'oublier que George Harrison a littéralement propulsé le sitar et la tampura dans l'inconscient collectif occidental dès 1965. Sa curiosité insatiable pour les traditions musicales indiennes — encouragée par Ravi Shankar — a bouleversé les frontières entre pop britannique et patrimoine sonore millénaire.
Éléments clés de son influence sur la musique indienne en Occident :
- Introduction systématique du sitar et tampura dans les hits Beatles ("Norwegian Wood", "Within You Without You")
- Vulgarisation active des ragas auprès du grand public non-indien ; explosion des ventes d’instruments indiens en Europe/USA dès 1967 (!!)
- Légitimation artistique des musiciens classiques indiens à l’international (Ravi Shankar devient superstar grâce à lui)
- Influence sur toute une génération d’artistes curieux de fusionner esthétiques occidentales et orientales (voir Brian Jones, Donovan ou Erik Lenoir)
- Diffusion durable d’une vision cosmopolite du rock et du folk, loin des chapelles nationalistes étriquées
Philosophie de vie : amour, paix, simplicité – un legs intemporel
Pour saisir l’essence harrisonienne, il faut regarder au-delà des accords. Sa philosophie repose sur trois piliers : amour sincère (pas mièvre !), quête de paix intérieure, simplicité radicale face au chaos matériel. Il voyait chaque chanson comme une prière contre l’absurdité consumériste moderne… Et ça s’entend ! Des titres comme "All Things Must Pass" ou "Give Me Love (Give Me Peace on Earth)" ne sont pas juste jolis : ils martèlent un espoir lucide contre la résignation collective.
"Everything else can wait but the search for God cannot wait, and love one another." — George Harrison
Ce refus frontal du matérialisme pop fait toujours tache aujourd’hui… mais c’est précisément cette fidélité à ses convictions qui rend son héritage impossible à digérer par l’industrie musicale mainstream.
Les dernières notes éternelles : Brainwashed et au-delà
Son ultime chef-d’œuvre Brainwashed, publié après sa mort en 2002, n’est pas un simple baroud d’honneur. C’est le testament musical d’un homme qui, jusqu’au dernier souffle, refuse tout compromis. Soutenu par Dhani Harrison et Jeff Lynne pour achever ses visions inachevées, l’album déborde encore d’intelligence harmonique ("Marwa Blues", "Stuck Inside A Cloud") et livre une synthèse mystique/critique du monde moderne.
Résumé percutant : George Harrison laisse un legs inaltérable — élévation spirituelle sans dogme ni posture médiatique ; hybridation musicale audacieuse ; ouverture consciente vers les autres cultures via le sitar ou la tampura ; exigence poétique face au bruit ambiant. En 2024 comme en 1970… il n’y a toujours qu’un seul George.
George Harrison, bien plus qu'un Beatle, une âme libre et inspirante
N’en déplaise aux biographies paresseuses ou aux éditorialistes qui n’ont jamais écouté All Things Must Pass jusqu’au bout : George Harrison explose tous les clichés du « génie frustré » ou du simple « guitariste discret » des Beatles. Sa réputation de 'Quiet Beatle' n’a masqué que pour le grand public la réalité d’un artiste radical, opiniâtre, capable d’insuffler un soufre spirituel et une modernité inouïe dans l’aventure The Beatles... et bien au-delà. Injustement perçu comme en retrait, il fut au contraire un moteur essentiel — refusant l’ego-rock tapageur pour imposer une ligne artistique fondée sur la quête, le doute, l’ouverture et le refus de toute posture factice.
De sa curiosité insatiable pour le sitar et le swarmandal à ses combats humanistes (Concert for Bangladesh), en passant par l’ironie mordante dont il usait pour juger le show-business moderne (« nothing to do with talent! » lançait-il dès 1997 contre la vacuité pop actuelle), Harrison laisse un héritage qui défie le temps. Ce n’est pas anodin : la richesse de sa carrière solo, sa capacité à réinventer les codes (HandMade Films !), sa soif d’absolu ont donné naissance à une influence durable sur toutes les générations postérieures.
- Guitariste innovant
- Explorateur musical (sitar, tampura...)
- Penseur spirituel engagé
- Humaniste radical (Concert for Bangladesh)
- Visionnaire dans l’industrie culturelle (HandMade Films)
Son esprit libre continue d’irradier — preuve éclatante qu’on ne résume pas George Harrison à un rôle secondaire : il demeure ce passeur, entre deux silences, dont la voix inspire encore ceux qui cherchent autre chose que la facilité sonore.