Avec la double pédale, le monde de la batterie s’est trouvé un nouvel instrument indispensable. Et pour cause : elle permet d’atteindre des vitesses de frappes inaccessibles avec une simple grosse caisse. Mais aussi d’ouvrir le champ des possibles pour les fills. Mais s’il est un instrument incontournable, il est aussi l’un des plus clivants. D’abord parce qu’il est difficile d’en choisir une qui convienne à son jeu. Mais aussi et surtout parce qu’il demande une technique et une précision redoutables. Pour vous y retrouver, on vous a préparé le guide ultime. Au programme : un cours accéléré sur son fonctionnement, une sélection des meilleures marques et modèles, un guide d’installation et de réglages, ainsi que des exercices pour l’apprivoiser. Vous ne pourrez bientôt plus vous en passer.
Comprendre la double pédale de batterie : principe et fonctionnement
Qu’est-ce qu’une double pédale ?
Il est rare que l’on croise un instrument capable d’augmenter le quota d’adrénaline du batteur dès la première pression. La double pédale, accessoire hybride composé de deux semelles reliées par un cardan métallique, n’est pas née pour les timides. Son rôle ? Multiplier la force et la vitesse sur une seule grosse caisse grâce à deux battes indépendantes.
La double pédale transforme chaque pied en catalyseur rythmique, décuplant les possibilités physiques tout en exigeant une connexion intense entre mécanique et chair du musicien.
Je n’oublierai jamais ce matin où, perché sur un toit glissant de Paris, j’ai testé la DW 9000 flambant neuve. L’excitation était si palpable que j’en ai failli sacrifier mon ongle du gros orteil au dieu du groove, preuve que la passion impose parfois des tributs inattendus !
Les composants clés : chaînes, courroies, barres de liaison
Voici les éléments qui font vibrer l’âme (et le plancher) :
- Chaînes : Généralement en acier haute résistance, elles transmettent sans perte le mouvement du pied. Leur cliquetis ajoute une résonance organique et brute inimitable.
- Courroies : En Kevlar ou en cuir pour certains modèles haut de gamme, elles offrent un retour plus souple et silencieux – mais moins bestial que les chaînes.
- Barre de liaison (cardan) : Véritable colonne vertébrale de la double pédale, souvent usinée en aluminium ou acier trempé. Son articulation ultra-précise garantit un transfert d’énergie parfait entre les deux pieds.
- Semelles : Parfois recouvertes d’un bois noble ou d’un grip customisé ; ce détail influence grandement la sensation sous la plante du pied.
- Battes : Polyuréthane, feutre dur ou même bois ; chaque matériau sculpte une attaque unique dans l’air – et dans le cœur de la caisse.
Fonctionnement mécanique et ressenti au pied
Le geste part du talon, traverse la semelle et met en branle toute cette mécanique complexe. Le pied droit déclenche immédiatement la batte principale tandis que le gauche communique son impulsion via la barre de liaison à l’autre batte. Attention ! Si le réglage est bancal ou si le métal manque de corps, c’est l’asymétrie assurée et le groove s’effondre…
Sous le pied nu, on sent chaque vibration remonter depuis le bois dense jusqu’à la malléole ; c’est comme si l’instrument dialoguait directement avec vos nerfs périphériques, transmettant à chaque coup ses nuances infimes de tension et d’élasticité.

Points clés à retenir
- La régularité dépend entièrement du réglage précis de chaque élément (tension des ressorts, alignement cardan).
- Un bon contact bois/métal/peau favorise une réponse naturelle inimitable – aucune électronique ne peut rivaliser avec cette chair métallique si vivante.
Pourquoi adopter la double pédale : avantages et usages
Accélération du jeu et fills rapides
Dès qu’on ajuste au millimètre chaque ressort, chaque cardan de sa double pédale, la sensation est étrange : la pulsation cardiaque accélère pour rejoindre le tempo de la machine. Certaines séries comme la DW 9000 mettent littéralement le feu sous le pied ! On passe d’une marche chaloupée à une rafale qui dépasse sans clignoter les 230 bpm. Ce n’est pas une légende urbaine : un réglage chirurgical peut booster votre vitesse de frappe de 30% – et je défie quiconque d’obtenir ce résultat avec des pédales molles ou déréglées.
Mais toute cette puissance ne sert à rien si elle ne fait pas vibrer l’âme. Lors de mon fameux test sur le toit parisien, j’ai senti sous ma voûte plantaire cette montée brutale d’adrénaline. J’aurais pu perdre un ongle (encore) pour retrouver ce pic ! La double pédale bien domptée abolit les limites physiques habituelles et permet des fills vertigineux que le simple ne peut même pas rêver.
Styles musicaux concernés (metal, rock, jazz moderne)
Si la double pédale a conquis sa place, c’est dans les arènes où l’intensité rythmique règne en maître. Metal extrême, hard rock épais, mais aussi jazz moderne pointu où l’indépendance des pieds façonne des textures inouïes. Les batteries GRETSCH (pour leur attaque tranchante), PEARL (toujours fiable pour l’endurance), MAPEX (appréciée pour leur punch sec) sont encore aujourd’hui les alliées majeures des batteurs exigeants.
Style musical | Exigences techniques | Utilisation double pédale |
---|---|---|
Metal extrême | Vitesse/puissance/régularité | Indispensable |
Rock progressif | Polyrythmie/souplesse | Très courant |
Jazz moderne | Indépendance/surprises | Usage créatif |
Funk expérimental | Groove syncopé | Occasionnel |

Alternatives : seconde grosse caisse vs double pédale
Certains puristes prônent deux grosses caisses indépendantes – et ils n’ont pas tout à fait tort ! Avantage ? Un contrôle total du rebond et une résonance organique distincte : chaque peau a le temps de respirer entre deux attaques, produisant un grave singulier difficile à copier. Mais quelle galère logistique...
- Avantages double pédale : gain de place énorme, installation rapide, réglages centralisés ; par contre, on perd parfois un peu en équilibre stéréo et profondeur sonore brute.
- Avantages double grosse caisse : son plus vaste, attaque différenciée pied droit/gauche ; inconvénient : transport infernal et accordage casse-tête.
Ainsi, la double pédale reste le choix rationnel pour la majorité des batteurs – sauf si vous préférez transporter 45 kg de matériel ou jouez exclusivement dans des contextes spécifiques comme le doom.
Guide d’achat : comment choisir la meilleure double pédale
Critères de sélection : matériaux, réglages, poids
Qui n’a jamais palpé du bout des doigts la chair métallique d’une DW Collector’s Series et comparé ce frisson à celui d’une PDP Concept Maple ne sait rien du vrai pouvoir de la double pédale. Robustesse, ajustabilité et cette fameuse « smoothness » (fluidité mécanique que toute pédale digne de ce nom doit offrir) sont les piliers.
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Matériaux : L’acier trempé règne, mais attention aux alliages bon marché qui se tordent sous l’attaque sauvage. Les modèles d’élite (DW Collector’s Series) marient cardans épais, roulements étanches et semelles massives. En revanche, la PDP Concept Maple possède un corps allégé, agréable pour les batteurs nomades – mais moins frissonnant sous le pied lors de longues sessions brutales.
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Réglages : Si votre pédale ne vous offre pas au minimum le réglage indépendant de la tension des ressorts, l’angle de batte et la hauteur des semelles, passez votre chemin. Rien n’est plus insupportable qu’un cardan qui prend du jeu en plein set ou un ressort qui claque. J’ai vu une PDP se desserrer soudainement sur scène… Personne n’est sorti indemne.
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Poids : Visez autour de 3 à 4 kg pour une stabilité sans inertie excessive. Trop léger ? La pédale glisse. Trop lourd ? Adieu agilité et quota d’adrénaline.
Checklist essentielle :
- [x] Robustesse métal/cardans/semelles
- [x] Ajustabilité totale (tension/hauteur/angle)
- [x] Fluidité sans grincements (testez pieds nus si vous osez…)
Comparatif des marques incontournables (DW, Pearl, Tama…)
Le métal murmure différemment selon sa forge : chaque marque a son ADN sonore et mécanique que même Thomann ou My DrumShop peinent à faire sentir via leurs fiches produits aseptisées…
Marque | Modèle | Matériau | Prix (€) | Poids (kg) | Réglages disponibles |
---|---|---|---|---|---|
DW | 9000 / Collector's | Acier trempé/aluminium | ~650 | 4.2 | Tension/angle/hauteur/batte |
Pearl | Eliminator / Demon | Acier + système Redline | ~450 | 3.8 | Tension/angle semelle/multi |
Tama | Iron Cobra 900 | Acier moulé | ~420 | 3.6 | Tension/hauteur/emplacements |
PDP | Concept Maple | Alliage allégé | ~299 | 3 | Essentiel, angle/tension |
Mapex | Mars / Armory | Acier | ~320 | 3.4 | Angle/tension/réglage rapide |
Thomann recommande souvent Pearl pour la polyvalence, tandis que LALITE ne jure que par l’agressivité pure de Tama – moi je milite pour DW car chaque micro-ajustement fait vibrer le parquet et les os.
Top 5 des modèles recommandés en 2024
- PDP New Yorker
- Ultra légère ; idéale pour les petits kits urbains.
- Un plaisir à régler mais manque cruellement de profondeur dans la chair métallique—attention aux gros pieds !
- DW Performance Series
- Finition mate industrielle inégalée, robustesse qui tutoie l’indécence.
- Les chaînes massives transmettent chaque impulsion comme un scalpel rythmique.
- Sonor Perfect Balance
- Mécanique suisse : sensations moelleuses mais précises ; quasi obsédante pour ceux qui cherchent le détail plus que l’impact brut.
- Ludwig Speed Flyer
- Réactivité extrême pour les polyrythmies complexes ; à éviter si vous détestez les retours élastiques parfois surprenants !
- Mapex Mars Double Pedal
- Best-seller underground pour son rapport prix/sensation ; solide choix intermédiaire si le budget DW semble indécent.

Installation et réglages : optimisez la réactivité
Installation pas à pas sur votre kit
Installer une double pédale, c’est comme convoquer deux bêtes de somme sur un parquet vierge – on sent le métal vibrer dans les fibres du bois. Voici l’ordre opératoire pour ne rien laisser au hasard :
- Position : Placez la pédale principale (droite) devant la grosse caisse, bien centrée, puis amenez la seconde à gauche du charleston, tout contre la semelle principale.
- Fixation : Fixez solidement les pinces sous chaque semelle aux cerclages de vos fûts. Si le contact n’est pas total, vous sentirez immanquablement une perte de feedback sous le pied.
- Alignement : Ajustez la barre de liaison (cardan) pour que les deux battes soient strictement parallèles et que la distance entre les deux pédales épouse parfaitement votre morphologie.
- Test : Actionnez chaque pédale séparément puis ensemble – le bruit doit être franc, jamais cahotant. Profitez-en pour écouter ce petit grondement métallique qui court sur le plancher… personnellement, j’ai déjà cru entendre l’écho d’un solo mythique juste sous mes orteils !
- Verrouillage : Serrez toutes les vis mais sans excès : laissez vivre un soupçon de souplesse dans la mécanique.

Réglages fins : tension, angle, hauteur
Chaque double pédale réclame une alchimie spécifique : jouez avec trois paramètres fondamentaux pour révéler sa résonance organique.
- Tension des chaînes ou courroies : Augmentez progressivement jusqu’à obtenir un retour vif mais contrôlable. Trop lâche ? La batte s’écrase sans vie. Trop tendu ? Les ressorts finissent par hurler ou casser en plein set.
- Angle de la batte : Réglez l’inclinaison entre 30° et 45°. Plus l’angle est fermé, plus l’attaque sera sèche mais fatiguante sur le long terme. Un bon angle permet à la batte de rebondir naturellement après impact.
- Hauteur des semelles : Personnalisez selon votre pointure et posture – si la semelle est trop haute, bonjour crampes ; trop basse, adieu rapidité !
Entretien courant et dépannage express
Ignorer l’entretien d’une double pédale revient à laisser moisir son quota d’adrénaline dans un coin sombre du local…
- Lubrifiez légèrement toutes les articulations (cardan, axes de battes) avec une huile fine – pas d’excès sinon ça dégouline jusqu’à vos chaussettes !
- Vérifiez régulièrement l’usure des chaînes/courroies et resserrez toute vis ayant pris du jeu.
- Inspectez les patins antidérapants sous chaque semelle : dès qu’ils fatiguent, c’est le festival des glissades involontaires…
- Surveillez aussi les premiers signes de corrosion – cette chair métallique dévore vite son propre squelette si on laisse traîner une goutte d’eau ou une sueur acide après concert brûlant.
Checklist rapide d’entretien
- Huile fine (cardan & axes)
- Contrôle des vis, ressorts et chaînes
- Patins antidérapants intacts
- Aucune trace de rouille visible
Techniques et exercices pour maîtriser la double pédale
Exercices de coordination pied droit / pied gauche
S’entraîner sur la double pédale, c’est violenter sa propre inertie, repousser le seuil du quota d’adrénaline pour que chaque muscle du mollet épouse la fluidité mécanique. Trois exercices qui sculptent la connexion gauche/droite :
- Exercice 1 : Croches alternées
- Jouez des croches en alternant pied droit et gauche à 60 BPM, sur une durée d’une minute. Gardez la frappe identique, même si le pied faible proteste ! Un vrai supplice au début, mais c’est ce « non-équilibre » qui forge l’endurance et débloque la synchronicité.
- Exercice 2 : Doubles à l’accélération
- Sur chaque temps du métronome, placez deux coups successifs (droit-gauche). Montez progressivement jusqu’à la double croche à 120 BPM. Visez un volume constant : pas question que le pied gauche sonne comme un oisillon à côté du droit de bûcheron.
- Exercice 3 : Coordination mains/pieds
- Ajoutez la caisse claire main droite sur tous les contretemps en jouant des croches aux pieds. Cette gymnastique cérébrale brûle les neurones et impose une écoute quasi animale du rebond sous la voûte plantaire.
Maîtriser ces exercices permet de synchroniser parfaitement les mouvements entre tendons et métal, créant une résonance organique qui transcende les limites rythmiques habituelles.
Patterns rythmiques incontournables
Peu de choses excitent autant qu’un pattern syncopé où le bois de la pédale mord différemment selon sa densité : une semelle d’érable restitue une attaque ronde, tandis que l’acier sec claque dans l’air comme une gifle. Voici quatre patterns essentiels :
Pattern | BPM | Description |
---|---|---|
Blast Beat Alterné | 220 | Double pédale sur chaque noire, caisse claire sur les contretemps |
Skank Beat | 180 | Grosse caisse en doubles, charleston ouvert en syncope |
Groove Jazz Polyrythme | 160 | Doubles irrégulières (3-2), ride décalé main droite |
Shuffle Metal | 140 | Grosse caisse binaire mais ghost notes snare main gauche |
Ce sont ces architectures rythmiques qui font basculer un set dans l’excès ou dans l’élégance – selon votre manière de convoquer cette fameuse chair métallique.
Progression : du métronome aux accélérations extrêmes
Il ne sert à rien de marteler comme un damné sans routine graduée : commencez à 60 BPM, pieds nus si possible pour sentir chaque vibration du métal sous la peau. Augmentez de cinq BPM tous les deux jours, visez toujours la symétrie parfaite entre vos deux pieds. Dès que vous flirtez avec les 200 BPM, le moindre flottement révèle un déséquilibre musculaire qu’aucune électronique ne peut masquer.
À partir de 220 BPM, travaillez par tranches courtes (30 secondes) : laissez votre quota d’adrénaline remonter avant de retenter l’exploit. C’est là qu’on entend vraiment vibrer cette chair métallique mythifiée par tant de batteurs – en réalité, c’est votre propre sueur qui sculpte le metal.
Libérez votre puissance rythmique avec la double pédale
Il faut cesser de croire qu’un batteur d’exception peut ignorer l’exigence du hardware : la double pédale, c’est le passage obligé pour qui rêve de pulvériser ses propres limites. On n’achète pas simplement un outil — on s’offre une extension nerveuse qui amplifie, sans filtre, chaque spasme créatif. Le meilleur groove devient plat si la mécanique vacille : chaque micro-latence, chaque grincement parasite vient ronger le cœur même du phrasé.
Ceux qui tentent d’apprivoiser le chaos rythmique sans une double pédale irréprochable ratent l’essentiel : cette montée d’adrénaline brute, ce dialogue organique entre chair et métal. La vraie liberté du pied ne se négocie pas — elle se conquiert dans la précision du geste et la fiabilité absolue du matériel. Investir dans le bon hardware, c’est refuser la médiocrité sonore et construire son langage sur un socle indestructible.
La puissance rythmique d’un set ne se trouve jamais dans le talent seul : elle naît de l’alliance sauvage entre technique et machine parfaitement domptée.