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Chino Moreno : Parcours et héritage du chanteur des Deftones

Chino Moreno est sobre depuis 1 an. Et il nous l’a confié : il n’a jamais été aussi heureux, productif et inspiré.

14 min
Les instruments
2 October 2025 à 19h47

Il y a un an, le chanteur des Deftones a failli mettre un terme à sa carrière. Désormais abstinent, il se confie sur sa renaissance, la transformation de son rapport à la musique, et le nouvel album qu’elle a inspiré.

Il souligne à quel point la sobriété peut être une source inépuisable de créativité.

Cette interview approfondie vous plonge dans l’univers de Chino Moreno, un génie imparfait qui a marqué nos vies et celles de millions d’autres.

Chino Moreno : l'essence vocale et l'âme des Deftones ✨

Qui est Camillo Wong Moreno : des débuts à la consécration

Oubliez tout préjugé sur ce que doit être un chanteur de metal : Camillo Wong Moreno, né en 1973 à Sacramento, s’est construit loin des sentiers balisés. Chino – comme il s’est vite fait appeler, clin d’œil ironique à son métissage mexicain et chinois – n’a jamais cherché à plaire ou à forcer l’adhésion. Il incarne ce paradoxe rare : une fragilité évidente, presque palpable, doublée d’une présence magnétique qui absorbe la salle entière, même dans le chaos assourdissant d’un live.

Il serait réducteur de limiter Moreno au simple frontman bruyant d’un groupe alternatif. Dès les premiers albums avec Deftones, sa voix s’est imposée comme l’instrument central – un fil conducteur entre rage sourde et délicatesse suspendue. Les fans avertis savent combien ses paroles sont le miroir d’une introspection tortueuse, parfois inconfortable mais toujours sincère. Ses textes, bourrés de silences et de sous-entendus, dessinent la véritable identité du groupe — ni plus ni moins que le souffle vital des Deftones.

La voix de Chino Moreno mêle chant clair, murmures et cris, créant une atmosphère à la fois éthérée et viscérale.

Portrait intense de Chino Moreno en noir et blanc

La voix unique de Chino Moreno : une signature reconnaissable entre mille

Écoutez une seule mesure de "Be Quiet and Drive" ou "Change (In the House of Flies)" : impossible d’ignorer cette empreinte sonore inimitable. Son approche du chant refuse toute linéarité — il module, souffle, éructe... puis caresse littéralement les mots dans un même refrain. Ce n'est pas anodin si son timbre fascine à la fois amateurs de shoegaze rêveur et fans de metal abrasif.

Influencé aussi bien par The Cure que par Faith No More ou Duran Duran (oui!), Moreno a développé très tôt une technique libérée des conventions du genre. Sa palette émotionnelle évolue sans cesse : douceurs presque murmurées alternent avec décharges gutturales qui tranchent l’atmosphère comme un rasoir mal affûté.

"Chino 100 percent has one of the most unique, coolest singing voices I ever heard. The way he whisper sings is just so soothing, and the tone he gets to his screams is otherworldly." (source Reddit)

Mais soyons lucides : derrière cette versatilité vocale se cache un travail obsessionnel sur la production et le traitement du son – réverbs éthérées, delays fantomatiques et distorsions contrôlées sculptent une aura mystérieuse autour chaque morceau.

Son rôle de parolier : l'introspection au cœur des textes

Moreno écrit rarement pour flatter ; il écrit pour mettre à nu ses démons – solitude moderne, désir contrarié ou souvenirs mutilés. Entre deux silences, sa plume révèle la fêlure derrière le cri... Une anecdote peu connue ? Sur l’album « White Pony », il aurait réécrit certains textes après minuit pour mieux capturer cet état flottant entre fatigue extrême et lucidité transcendée – résultat: le disque s’écoute encore aujourd’hui comme un rêve éveillé.

La métamorphose de Chino Moreno : sobriété et renaissance créative 🦋

« Je me sens au cœur de la musique, avec une clarté que je n'avais jamais » : les mots de Chino Moreno sur sa sobriété

Rarement un frontman aura autant assumé que la régénération passe par la rupture radicale. Selon ses propres confidences lors d'interviews récentes, Chino Moreno s’est lancé dans la sobriété sans promesse solennelle ni certitude quant à la durée : « Je n'étais pas sûr de tenir, mais j’ai ressenti les effets bénéfiques très vite après des années à boire sans vraiment y penser. » Sa parole évoque une sensation de redécouverte – celle d’une lucidité nouvelle, presque violente, le ramenant littéralement "au cœur" de sa propre musique. Entre deux silences, il explique même que cette absence d’alcool lui a permis d’être totalement présent en studio et sur scène : « Je n’ai jamais été aussi là que maintenant… »

Cette sobriété revendiquée modifie profondément son rapport au groupe. Les autres membres l’ont souligné : son énergie est différente, plus concentrée. Le public, lui, perçoit une intensité accrue – moins dissipée, plus tranchante dans l’instant.

Comment l'abstinence a nourri le nouvel album des Deftones, « Private Music »

La sortie de 'Private Music' marque l’un des virages les plus scrutés du parcours Deftones. Écoutez bien : ce disque vibre d’une tension calme et d’un lyrisme rauque qui trahit la transformation intérieure du chanteur. Sans filtre ni artifice, chaque morceau semble ciseler la frontière entre introspection et exposition crue — ce n’est pas anodin.

Les critiques avertis évoquent une production "incredible, done up like the 4K sexy violence of a John Wick film" (Pitchfork), tandis que les fans parlent d’un retour aux racines "Saturday Night Wrist" mâtiné d’influences nouvelles (du hip-hop à Sade). Mais derrière l’étiquette sonore réside le vrai bouleversement : l’écriture libérée par l’abstinence. Plus de faux-semblants, plus de fuite dans les textures saturées – seulement cette volonté nue de fouiller le manque et le désir.

Thèmes clés influencés par sa sobriété dans « Private Music » :
- L’éveil brutal face à soi-même (sans béquille)
- La recherche maladroite du réconfort véritable au lieu du leurre facile
- Les souvenirs remémorés avec une précision déstabilisante (au détriment du confort)
- Une vulnérabilité assumée : plus question de poser un masque sonore
- Le contraste entre tempête intérieure et calme apparent

Retour sur les périodes de doutes : le concept de « paresseux » et le besoin de « réapprendre »

Entre deux silences médiatiques et disques cultes surgit la question : comment continuer à créer quand tout le monde attend votre chute ou votre chef-d’œuvre? Chino Moreno ne cache pas avoir été traversé par des phases où il s’est senti dépassé, voire "paresseux" selon ses propres termes – comme si tout recommençait à zéro malgré vingt-cinq ans d’hymnes hurlés dans les stades.

La pression médiatique peut être une arme à double tranchant pour les artistes.

Le musicien raconte ainsi avoir dû "réapprendre à écrire, à performer sans se mentir ni tricher", bravant cette impression chronique d’être attendu au tournant – ou pire : incompris par ceux qui exigent toujours plus fort, plus haut, plus vite. Anecdote révélatrice : lors de sessions studio tardives en 2024, il avoue s’être senti "comme un débutant", obligé de reconstruire ses outils créatifs pièce par pièce — preuve ultime que le doute, ce poison discret mais nécessaire, façonne autant que le génie chez Deftones.

De « Eros » à « Private Music » : l'évolution discographique et les projets de Chino Moreno 🎶

L'album fantôme « Eros » : une promesse jamais tenue, entre regret et acceptation

Parler d’« Eros », c’est convoquer un fantôme à la table des vivants. En 2008, Deftones s’embarquent dans l’enregistrement de cet album sous tension, marqué par l’accident tragique de Chi Cheng. Le disque, décrit comme sombre et expérimental, ne sera jamais finalisé : Chino Moreno n’a même pas enregistré tous les vocaux. Pourquoi ce renoncement ? Soyons clairs : il ne s’agit pas juste d’une question logistique. La douleur collective pousse le groupe à vouloir tourner la page, préférant se réinventer avec Sergio Vega à la basse et enregistrer « Diamond Eyes », plus lumineux, presque en réaction vitale au drame.

Le statut d’« Eros » est unique dans l’histoire du rock alternatif : certains fans y voient une cicatrice irrésolue, d’autres un mythe nécessaire. Le groupe refuse encore aujourd’hui de le publier, expliquant qu’il appartient à une époque impossible à ressusciter sans trahir son essence (source Wikipédia/Reddit). Entre regret sincère et acceptation résignée, Moreno y a gagné en maturité – parfois, échouer à sortir un disque forge plus que dix disques publiés.

Résumé clé :

Les raisons principales de l'abandon d’Eros résident dans la perte de Chi Cheng et la nécessité pour le groupe de survivre psychiquement en changeant radicalement de direction.

Focus sur « Private Music » : les premiers échos du nouvel album et la tournée internationale

Visuel promotionnel du nouvel album Deftones Private Music

2025 voit surgir « Private Music » comme une déclaration d’indépendance artistique furieuse. Produit par Nick Raskulinecz (déjà complice sur « Koi No Yokan »), ce dixième album frappe par sa diversité sonore – chaque morceau semble hériter du lieu où il fut conçu, oscillant entre déflagrations métalliques et climats introspectifs extrêmes.

Premiers singles remarqués ? « My Mind Is a Mountain » ou « Milk of the Madonna », véritables hymnes où Moreno tutoie l’abîme avec son chant transfiguré. L’album aligne aussi des morceaux comme « Locked Club », « Ecdysis » ou « I Think About You All the Time », chacun affirmant cette nouvelle ère nettement plus personnelle. Comme annoncé partout : une tournée mondiale accompagne la sortie – Paris et Bruxelles sont déjà pressenties pour accueillir cette renaissance live tant attendue (Ticketmaster/LA Times).

Ce disque incarne la volonté de repartir à zéro sans renier les blessures passées. Tension constante entre lumière fragile et rugosité abrasive, rien n’est laissé au hasard.

Les projets parallèles et remixes : quand Chino Moreno explore d'autres univers (« Milk Of The Madonna »)

Impossible de cerner Moreno en restant confiné aux murs du Deftones studio – il multiplie collaborations et échappées belles depuis vingt ans ! Dernier exemple marquant : « Milk Of The Madonna », titre psychédélique flirtant avec le shoegaze abrasif ; mais aussi divers remixes ou featurings obscurs qui témoignent d’une volonté constante d’élargir ses frontières.

Paris et Bruxelles émergent comme points d’inflexion dans ces quêtes sonores – villes où Moreno vient puiser un sentiment d’étrangeté féconde.

Projets parallèles notables de Chino Moreno :
- ††† (Crosses)
- Team Sleep
- Palms
- Remixes pour Mogwai, Phantogram...
- Collaborations one-shot hors cadre métal (notamment sur des BO indé ou électro noir)

Playlist : les essentiels de Chino Moreno

Pour saisir l’étendue impressionnante de sa palette émotionnelle…
1. Change (In the House of Flies) — Deftones
2. Knife Prty — Deftones
3. Milk Of The Madonna — Deftones
4. Bitches Brew — Team Sleep
5. The Epilogue — Crosses (†††)
6. Patagonia — Palms
7. Rocket Skates (M83 Remix) — Deftones

À écouter fort, entre deux silences.

Derrière le mythe : anatomie d'une icône du rock alternatif 🤘

La relation complexe avec Stephen Carpenter : un équilibre sous tension

Aborder la dynamique Moreno-Carpenter, c’est ouvrir la boîte noire des Deftones. On ne parle pas ici d’une simple opposition artistique ou de divergences anecdotiques. Stephen Carpenter, guitariste fondateur, a peu à peu affirmé une distance non seulement musicale mais aussi existentielle, en particulier depuis ces dernières années. Les raisons ? Un cocktail improbable de convictions personnelles extrêmes (de la méfiance envers les vaccins à une fascination assumée pour la théorie de la Terre plate), une aversion profonde pour l’avion et la vie de tournée hors des États-Unis, et – il faut le dire – une sensibilité traumatique difficilement conciliable avec la pression permanente du groupe (voir [GuitarWorld], [Loudwire]).

Chino Moreno affirme qu’il est « impossible » de forcer un membre à faire ce dont il n’a plus envie, même si cela fragilise le groupe sur scène. Pourtant, les deux hommes partagent une complémentarité quasi-chimique ; quand Chino se perd dans l’introspection ou l’expérimentation sonore, Carpenter ancre le tout dans une brutalité riffique implacable. Cette tension – inconciliable sur le papier – a donné naissance au son unique des Deftones. L’absence de Carpenter lors des tournées internationales est ressentie comme un manque par les fans… mais elle souligne aussi combien le groupe refuse l’uniformité et reste régi par ses propres règles internes. Rien n’est jamais acquis chez eux.

Anxiété liée au vol et performances marquantes : Pinkpop 2003

Moins médiatisée que celle de Carpenter, l’anxiété de Chino Moreno face aux voyages en avion est pourtant une réalité pesante dans sa carrière. Ce trouble explique certaines absences scéniques ponctuelles et alimente ce sentiment d’imprévisibilité propre aux concerts Deftones ! Malgré cela, certains shows frôlent l’héroïque, à commencer par Pinkpop 2003 : festival mythique où Moreno livre un set d’une intensité fébrile malgré ses propres limites psychologiques. Ce concert fait désormais figure d’archive essentielle dans l’histoire du rock alternatif.

Chino Moreno et les instruments : une obsession pour des sonorités venues d’ailleurs

Peu de fans savent que derrière le micro hurlant et les guitares saturées se cache un passionné d’instruments traditionnels du monde entier. Si Chino s’est forgé une réputation sur les textures électroniques et les effets studio sophistiqués (Telefunken ELA M 251, Matamp Green GT120…), il nourrit aussi une curiosité presque maniaque pour des instruments exotiques : percussions coréennes, flûtes japonaises ou drones indiens ont parfois inspiré des climats entiers sur certains titres obscurs du groupe ou projets parallèles.

« Je peux passer des heures à écouter seuls quelques sons inattendus… Parfois, c’est juste un shaker africain ou un synthé modulaire trouvé au hasard qui me donne envie de tout déconstruire dans ma tête avant même d’écrire un couplet », expliquait-il lors d’une session Q&A confidentielle en marge d’un festival européen.

Entre deux silences donc, se cachent toujours ces textures inédites – preuve éclatante que chez Chino Moreno, chaque note compte autant que l’espace laissé autour.

L'héritage de Chino Moreno : une influence durable sur la musique moderne 🌟

L'empreinte de Chino Moreno sur le rock alternatif témoigne d’une identité forte des Deftones, ce mélange unique d'agressivité et de mélancolie. C'est sous son impulsion qu'un groupe pourtant issu du vortex néo-métal a redéfini les frontières de ce style, osant hybrider riffs acérés et nappes éthérées. Peu d’artistes ont mêlé rage et délicatesse avec autant d’audace — ni chez Korn, ni chez Radiohead, auxquels Deftones sont parfois comparés.

Chino Moreno a inspiré toute une génération : des frontmen comme Jonathan Davis se réclament parfois de sa capacité à insuffler vulnérabilité et tension dans chaque mot. Son timbre incarne désormais une référence, traversant le metal, l’alternatif, voire le post-rock. Son authenticité — refus du mimétisme, goût du risque permanent — fait école jusque dans des scènes que le grand public ignore. Il conserve une aura indélébile.

L'influence vibrante de Chino Moreno sur la scène alternative et metal

Points clés de l'héritage de Chino Moreno :
- Fusion unique d’agressivité et de douceur dans la musique alternative metal
- Influence directe sur des chanteurs majeurs et émergents (Korn, Bring Me The Horizon…)
- Ouverture stylistique (expérimentations vocales et sonores)
- Refus du conformisme artistique
- Pérennité : inspire encore aujourd’hui remixes, covers et nouvelles générations

Pérennité d’un artiste atypique : toujours en mouvement

Nul besoin d’idéaliser à outrance : la vraie force de Moreno réside dans sa capacité à se réinventer sans perdre son intégrité. Là où tant sombrent dans la caricature ou la redite, lui continue – sobre ou tourmenté – à creuser un sillon personnel qui défie le temps et les tendances. Sa renaissance créative n’est pas un slogan marketing mais une réalité palpable : chaque nouvel album conserve cette étrangeté précieuse qui attire obsessionnellement fans vétérans et novices égarés.

🌟🌟🌟🌟🌟 (Note pour son parcours)

Chino Moreno : Parcours et héritage du chanteur des Deftones

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