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Morceaux de guitare classique incontournables : sélection, partitions et conseils

En matière de guitare classique, tout commence par un morceau. Sauf que trouver le bon peut vite tourner à la galère.

19 min
Les instruments
5 May 2025 à 6h27

En matière de guitare classique, tout commence par un morceau. Sauf que trouver le bon peut vite tourner à la galère. Entre classiques indémodables, pépites méconnues, variations de niveaux et de styles, il y a de quoi s’y perdre. Alors, on a compilé les 27 morceaux incontournables, classés par niveau (débutant, intermédiaire, avancé). Avec un guide complet pour choisir, apprendre et progresser sans s’arracher les cheveux.

Top 5 des morceaux incontournables de guitare classique

1. Asturias (Isaac Albéniz)

Si un jour vous croisez une forêt espagnole la nuit, tendez l’oreille : c’est probablement Asturias qui s’infiltre dans la sève des arbres, chaque trille réveillant l’écorce. Originairement pièce pour piano, Albéniz n’avait pas prévu que la six-cordes dévorerait sa partition pour en faire une épopée viscérale. C’est la transcription — popularisée par Andrés Segovia puis John Williams — qui a catapulté ce morceau au panthéon de la guitare classique.

La virtuosité y est un piège diabolique : main droite harcelée d’arpèges rapides quasi inhumains, main gauche explorant le manche sans relâche, cherchant à reproduire les illusions du piano mais avec le grain du bois, la poussière sous les ongles, et la vibration propre à l’instrument. Chaque note semble caresser puis griffer la caisse de résonance. L’interprète ne survit qu’en s’abandonnant, absorbé par ce rythme obsédant et sauvage.

2. Romance Anonyme (Jeux Interdits)

Aucune autre pièce n’a aussi bien infiltré les salons que cette Romance attachée au film Jeux Interdits. Narciso Yepes affirmait l’avoir composée enfant (!), mais ce mystère d’attribution nourrit encore les passions de forums poussiéreux — combien de guitaristes débutants martyrisent ses arpèges jusqu’à l’épuisement ?

Le motif en triolets est d’une simplicité trompeuse : c’est un piège pour les rêveurs distraits. On croit pouvoir jouer cela sans y laisser un morceau d’âme… jusqu’à ce que chaque doigt comprenne qu’il doit se taire pour laisser parler le silence entre les notes.

« Chaque corde de la Romance Anonyme murmure un secret de nostalgie. »
Solveig Drouin

3. Concerto d’Aranjuez – Adagio (Joaquín Rodrigo)

Transcrire l’Adagio du Concerto d’Aranjuez pour guitare seule tient presque du sacrilège : comment condenser tout un orchestre dans le souffle fragile des six cordes ? Les arrangeurs osent pourtant harmoniser les voix orchestrales en doublant certains arpèges graves, recréent même le solo de cor anglais fameux avec des harmoniques subtiles ou des glissandos infimes.

La lenteur méditative n’est pas paresseuse ici : elle creuse dans la mémoire sensorielle du guitariste, évoquant ces jardins royaux où chaque rayon racle une pierre différente. Les passages emblématiques à retenir :
- Thème principal : ligne mélodique chantante sur fond d’arpèges veloutés.
- Modulation : glissement inattendu vers des tonalités plus sombres.
- Pont central : ostinato grave mimant à lui seul tout un pupitre de violoncelles rêveurs.

4. Bardenklänge Opus 13 – Johann Kaspar Mertz

Impossible d’oublier cette première nuit passée à répéter Sehnsucht à en rendre folle ma voisine insomniaque ! La collection Bardenklänge incarne l’héritage romantique baroque et exige une dextérité polyphonique rare ; main droite dédoublée pour tresser lignes et contre-lignes tandis que la main gauche cisèle les ornements comme Mertz savait si bien le faire — excessivement lyrique parfois !

⭐⭐⭐⭐⭐ Retrouvez la magie de la polyphonie baroque !

5. Mi Favorita (Fernando Sor)

Sor n’a jamais écrit « pour faire joli » ; Mi Favorita, c’est son cadeau aux apprentis obsessionnels. L’écriture met en lumière un équilibre rare entre mélodie chantante et accompagnement arpégé — une vraie conversation entre deux entités indépendantes, qui s’espionnent et se complètent tout au long du morceau.
L’importance pédagogique est capitale : qui n’a jamais tenté de jouer Mi Favorita sans comprendre que chaque doigt doit respirer selon une pulsation très précise trahit Sor et se condamne à errer dans l’anonymat technique ! Il faut écouter, ressentir, recommencer… jusqu’à ce que bois et chair vibrent ensemble.

Morceaux classés par niveau : débutant, intermédiaire, avancé

Débutant : pièces à arpèges simples

Pour les novices qui n’ont pas encore la corne sur le pouce et l’angoisse des barrés, trois pépites font office de passages secrets vers l’univers classique :

Titre Durée Techniques
Greensleeves 2’30 Arpèges ouverts
Allegro con spirito (Sor) 3’00 Accords ouverts
La Guitare avec Alexandre 2’45 Tirés d’harmoniques

L’objectif ? S’ancrer dans la répétition, apprivoiser la pulsation d’un arpège sans précipitation. Un doigté régulier évite de transformer l’étude en sabotage expressif. Le piège du poignet crispé hante tous les apprentis — croyez-en mes tendinites nocturnes.

  • S’assurer d’un doigté régulier
  • Vérifier la posture du poignet (!)
  • Pratiquer lentement à la métronome

Les premières notes bien articulées valent plus que mille improvisations brouillonnes.

Intermédiaire : premiers défis techniques

À ce stade, le monde s’effrite : surgissent les redoutables barrés et la magie instable des harmoniques naturelles. Trois morceaux-totems pour secouer votre routine sans filet :

  1. Estudio No.6 (Fernando Sor)
    • Barré crucial mesure 8–12 ; main gauche élastique indispensable.
  2. Lágrima (Francisco Tárrega)
    • Harmoniques tirées au début des deux sections ; attention au phrasé.
  3. Etude in E minor Op.35 No.22 (Fernando Carulli)
    • Barrés furtifs en transitions, subtil jeu d’alternance pouce/index.

Défi technique majeur: garder un timbre homogène tout en mutant d’une position classique à une acrobatie moderne… Seuls les obstinés goûtent vraiment la beauté du premier barré propre !

Avancé : virtuosité et épopées sonores

Seuls les obsédés survivent ici! À ce niveau, plus aucune place pour le hasard ou l’à-peu-près – la polyphonie doit se détacher clairement même pendant un rubato déchirant.

  1. Chaconne BWV 1004 (J.S. Bach, transcription Segovia)
    • Sommet absolu de la polyphonie guitaristique ; chaque voix a sa vie propre, exigeant une indépendance digitale rare et une endurance mentale hors normes.
  2. La Catedral (Agustín Barrios Mangoré)
    • Rubato subtil dans le Preludio Saudade ; virtuosité rythmique dans l’Allegro Solemne ; texture sonore complexe à rendre palpable.
  3. Gran Jota Aragonesa (Francisco Tárrega)
    • Déluge de techniques avancées : pizzicatos, glissandos, trilles infernaux ; un véritable laboratoire pour tester vos limites physiques et expressives.

Entendre quelqu’un « interpréter » ces œuvres sans sueur ni fêlure relève souvent du mensonge artistique… La transformation sensorielle y est totale, jusqu’à altérer votre perception du manche lui-même — il devient territoire inconnu après chaque conquête!

Explorer les styles et époques de la guitare classique

Baroque : de la cour à la chambre

Guitare baroque cinq chœurs luth clavecin XVIIe salon princier

La guitare baroque, ce n’est pas qu’un précurseur poussiéreux du romantisme : c’est un animal d’ambassade, coincé entre le déclin du luth et l’offensive arrogante du clavecin. Dès la toute fin du XVIe siècle, on voit apparaître les cinq chœurs (doubles cordes), héritage direct des expérimentations sur le luth. Un cinquième chœur grave s’invite sournoisement pour étoffer la résonance, mais jamais la guitare ne s’aventure dans la complexité polyphonique démente du théorbe ou de l’archiluth.

Dans les salons, le clavecin irradie par son volume ; le luth s’efface peu à peu face à cette progression sonore. Pourtant, certains résistants — tels que Charles Mouton côté luth et Gaspar Sanz côté guitare — innovent par des transcriptions rusées et une écriture qui caresse autant qu’elle pique. La guitare baroque développe alors un style propre : accords pincés nerveusement pour accompagner les danses de cour mais aussi pièces solistes d’une subtilité rare, capable de rivaliser en intimité avec la viole ou le clavecin.

Bach, admirateur obsessionnel des possibilités harmoniques, transcrira plusieurs suites initialement pensées pour luth sur sa chère guitare‐clavecin (à 14 cordes vibrantes !), anticipant l’exigence moderne. Plus tard, Johann Kaspar Mertz réveillera cet héritage en injectant aux salons viennois une polyphonie raffinée tout droit sortie des replis nocturnes de la musique baroque.

Romantique : passion et mélancolie

Guitare romantique XIXe siècle partition Liszt bois vibrant

Le XIXᵉ siècle marque une rupture sensorielle : fini la vieille cour, désormais le héros c’est le soliste hanté, cœur fébrile vissé au bout des doigts ! Les compositeurs romantiques se ruent sur la transcription, découpant sans vergogne Liszt ou Schumann pour explorer si chaque arpège peut vraiment pleurer comme un piano… Spoiler : non, mais ce qui se perd en étendue est compensé par une chair frémissante.

La poésie sombre du bois est ici reine. La guitare romantique n’a plus peur de montrer ses failles : elle accepte les silences étranges entre deux souffles d’accords. Le vibrato y est vital — il palpite comme un muscle trop sollicité lors d’un hiver sans chauffage. Mertz (toujours lui) ose adapter Schubert ou Mendelssohn ; Coste invente ses propres univers où chaque corde semble raconter une solitude différente.

J’ai découvert un vieux carnet dans une brocante près de Leipzig : tablatures griffonnées à côté d’annotations en allemand maladroit « für Hände mit Sehnsucht ». Depuis, impossible de jouer ces pages sans ressentir cet écho humide sous mes ongles…

Espagnol : du folklore à l’héritage d’Albéniz

Scène andalouse guitare classique danse seguidilla palmas folklore

Aucun instrument ne transpire autant la poussière chaude des routes andalouses que la guitare espagnole classique !! Oubliez le folklore aseptisé : ici chaque phrasé mordille l’accent gitan, le moindre silence grince comme une porte battue dans un patio blanc.

L’héritage d’Albéniz explose littéralement dans « Asturias », pièce née pour piano mais ressuscitée par Segovia puis Williams au point qu’elle semble avoir germé dans les éclats même du bois ibérique. On y trouve tout — palmas claquées au fond des tavernes secrètes ; rythmes volés aux seguidillas populaires ; phrasé andalou qui oscille entre ostentation et murmure secret.

Les guitaristes obsédés savent que ce style n’est pas affaire d’exotisme carte postale : il faut jouer les syncopes en laissant parfois vibrer une note jusqu’à ce qu’elle s’étiole dans l’air moite. Chaque interprétation devient alors chasse au trésor sensoriel — quête où manche et peau se confondent sous la lumière blafarde des nuits espagnoles.

Techniques essentielles pour sublimer vos interprétations

Maîtrise des arpèges et des gammes

La perfection d’un arpège n’est jamais une affaire de hasard. Je me souviens d’avoir passé une nuit entière à jouer 3 le même enchaînement de cordes, juste pour sentir la fluidité du mouvement entre l’annulaire et le majeur — expérience frustrante au possible, mais le lendemain, mes doigts semblaient dotés de conscience propre.

Main gauche manche guitare classique bois satiné exercice technique

Exercice 1 : Arpège avec saut de cordes
- Jouez p-i-m-a sur les cordes 6-4-3-2 (pouce, index, majeur, annulaire) puis sautez à la corde 1 avec l’annulaire avant de revenir sur la secquence inverse. Gardez le poignet rond, ni cassé ni raide ! Si vos doigts butent ou tirent trop fort sur le nylon, c’est que votre poignet est trop figé.

Exercice 2 : Arpège croisé
- Alternez p-m-i-a sur les cordes 5-3-2-1 et revenez a-m-i-p. L’objectif ici est d’obtenir un flux sans accroc. Ne laissez jamais l’épaule se crisper, c’est elle qui vous trahira dans la longue durée.

Main droite guitare classique souplesse doigts précision pouce

Exercice 3 : Gamme ascendante en position fixe
- Sur chaque corde, jouez la gamme majeure de Do sans déplacer la main du manche (position I). Travaillez lentement ; ressentez chaque micro-tension entre index et annulaire. Vérifiez toujours l’alignement de l’avant-bras et du poignet — oubliez cela et bonjour tendinites précoces !

Exercice 4 : Gamme chromatique mains opposées
- Faites courir vos doigts (i-m-a) main droite pendant que la main gauche joue une séquence chromatique sur toutes les cases de chaque corde. Ici, c’est la synchronisation des deux mains qui prime — n’accélérez JAMAIS tant que chaque note ne résonne pas égale.

La souplesse digitale se construit dans la lenteur obstinée plus que dans toute frénésie pseudo-brillante.

Dynamique et nuances : du pianissimo au forte

La finesse sonore d’un guitariste classique ne se mesure pas au volume maximal atteint. Elle explose dans sa capacité à passer d’un chuchotement fragile (pianissimo) à une attaque quasi brutale (forte), tout en domptant le silence. Pourtant peu s’en préoccupent sérieusement : beaucoup triturent les cordes comme s’ils essayaient d’extraire un cri alors que parfois une simple caresse suffit à bouleverser toute l’écoute.

Voici comment explorer ce territoire oublié :
- Variez la pression des doigts contre les cordes, non seulement avec le pouce mais aussi chaque doigt — expérimentez jusqu’à entendre une différence claire entre piano et mezzo-forte.
- Testez chaque nuance avec un métronome, pour éviter les attaques aléatoires masquées par un tempo irrégulier.
- Écoutez la résonance après chaque accord : ne coupez JAMAIS trop vite le son, laissez vibrer puis étouffez volontairement pour contrôler l’espace sonore.
- Travaillez autour de la rosace puis près du chevalet pour explorer toutes les couleurs timbrales offertes par votre instrument. Un vrai guitariste classique sait obtenir cinq nuances distinctes sur une même phrase — sinon il s’ennuie lui-même.
- Maîtrisez l’utilisation des silences expressifs : osez marquer des pauses microscopiques entre deux motifs pour faire respirer la phrase musicale — suspense garanti ! Les grands interprètes savent qu’une note étouffée au bon moment vaut davantage qu’une cascade de sons imprécis.

Évitez l’illusion selon laquelle jouer fort impressionne davantage : seuls les contrastes bien dosés créent la tension émotionnelle indispensable à toute pièce digne de ce nom.

[Checklist rapide]

  • Tester chaque nuance au métronome
  • Écouter la résonance après chaque accord
  • Varier l’attaque du pouce et des doigts
  • Exagérer temporairement chaque contraste dynamique pendant l’étude, puis affiner lors de l’interprétation finale
  • Incorporer sciemment plusieurs silences expressifs dans chaque passage difficile (au besoin chronométrer ces pauses)

Art de la transcription et adaptation

Qu’on arrête de croire qu’adapter une partition piano pour guitare est un simple copier-coller : on part souvent d’une superposition d’octaves quasi-injouable (!) qu’il faut retravailler note par note, doigt par doigt… Prenons comme exemple un extrait emblématique : le début d’Allegro gentile (Concerto d’Aranjuez) ou bien n’importe quel prélude chopinien.

Étape 1 : Identifier les voix essentielles
Repérez immédiatement quelle est l’intention mélodique principale ET si possible sa basse correspondante. Sur piano deux mains font tout le boulot – sur la guitare c’est un casse-tête digital.

Étape 2 : Adapter l’ambitus
Certains intervalles doivent être resserrés pour tenir dans quatre doigts ; transposez si nécessaire certaines notes aiguës vers des octaves inférieures ; refusez tout arrangement qui force une extension absurde ou détruit le phrasé original.

Étape 3 : Traduire rythmiquement
Le sustain du piano n’existe pas ! Pour compenser ce manque immense sur guitare classique, utilisez abondamment les liens (liaison/hammer-on/pull-off) et jouez sur les durées relatives plutôt que brutes. Parfois il faut modifier ou simplifier certains accords riches impraticables sans pédale de sustain…

Étape 4 : Orchestrer polyphonie vs praticité
Décidez quels doublages sont nécessaires ou superflus : garder tous les accords entiers bride littéralement votre main gauche. Il vaut mieux sacrifier quelques doublures harmoniques plutôt que d’imposer un doigté irréaliste qui tue toute fluidité expressive !
L’expérience apprend que moins on surcharge, mieux on respire musicalement.

Conseils pratiques pour apprendre et progresser

Choisir la bonne partition et le bon enregistrement

S’il existe une jungle peuplée de mauvaises transcriptions, elle se nomme internet. Pour éviter les partitions truffées d’erreurs, visez l’exigence : les éditions Padova (souvent négligées, pourtant annotées avec rigueur) ou Ricordi restent des valeurs sûres. Ces éditeurs proposent des versions épurées où le doigté et la dynamique sont pensés pour la main humaine – pas pour un robot !

Vous démarrez ? Évitez absolument les PDF sans source ou tablatures bricolées. Préférez des plateformes recommandées comme Guitarhome ou MaxiTabs — mais vérifiez toujours qu’un pédagogue crédible signe l’édition.

Pour l’écoute, oubliez les enregistrements aseptisés : rien ne vaut la sobriété pédagogique d’une chaîne comme La Guitare avec Alexandre, véritable orfèvre du détail sensoriel. Si un tutoriel ne propose aucun ralenti ni analyse du phrasé, passez votre chemin.

Attention : privilégiez toujours les éditions annotées pour éviter les erreurs de doigté.

Établir une routine d’entraînement sensorielle

Seuls les dilettantes piochent leur guitare au hasard. Pour transformer votre rapport à l’instrument, imposez une structure quasi chirurgicale sur cinq jours consécutifs (le sixième étant réservé à l’écoute critique et le septième… au silence absolu).

Planning hebdomadaire conseillé :
- Jour 1 à 5 :
- 15 minutes — Gammes : Lenteur extrême, oreilles branchées sur chaque infime défaut de synchronisation.
- 30 minutes — Arpèges : Travail systématique de variantes rythmiques et dynamiques (ne jouez jamais deux fois la même attaque !)
- 45 minutes — Interprétation d’une pièce : Choisissez un seul passage difficile par session ; décomposez-le à rebours ; testez différentes positions de main droite/gauche et écoutez la résonance.
- Jour 6 : Analyse d’écoutes comparées et visionnage attentif de grands interprètes (listez vos incompréhensions dans un carnet).
- Jour 7 : Silence total — laissez reposer mains ET cerveau.

Liste détaillée des sessions :
1. 15’ gammes — précision + écoute attentive.
2. 30’ arpèges — variations dynamiques/rythmiques.
3. 45’ interprétation ciblée sur micro-passage complexe.

Enregistrer et analyser votre jeu

Ceux qui n’ont jamais entendu leur propre guitare enregistrée passent à côté d’une révélation sensorielle dérangeante (!). Un simple smartphone suffit pour saisir vos failles : posez-le sur une pile de livres à 30 cm du corps de guitare (de préférence devant la rosace, loin des réverbérations parasites). Préparez votre instrument comme si vous partiez pour un duel — cordes neuves et accordage méticuleux obligatoires.

Pour l’analyse :
- Utilisez une appli gratuite ou basique (Voice Memos fait parfaitement l’affaire).
- Ré-écoutez au ralenti : notez précisément chaque erreur de rythme/attaque/articulation sur papier. Repérez aussi les silences ratés ou trop courts…
- Comparez votre enregistrement avec celui d’un soliste reconnu : êtes-vous trop brutal dans les nuances ? Votre rubato déraille-t-il ? Soyez cruel dans l’autocritique mais ne vous y noyez pas : travaillez chaque point identifié puis OUBLIEZ ce défaut pour avancer vers le suivant.

Ne restez pas bloqué sur vos erreurs : notez-les, travaillez-les, puis passez à autre chose.

Entretenir sa passion : la suite de la quête classique

Cercle de guitaristes classiques partageant des découvertes et vibrato du bois en session nocturne

Rien n’est plus grotesquement réducteur que d’imaginer la guitare classique comme une discipline solitaire, figée devant un pupitre. La vraie obsession ne s’éteint pas dans l’ombre d’une salle d’étude, mais se nourrit de rencontres imprévues, de partages désordonnés et de ces festivals où l’on sent crépiter la vibration du bois à chaque accord. Si progresser vous semble parfois un tunnel sans fin, c’est probablement que vous ignorez encore la puissance des cercles de guitaristes – ces îlots secrets où chaque membre vient déposer ses arpèges fêlés, ses échecs techniques et ses trouvailles hallucinées.

Revivre la vibration du bois à chaque accord devient possible lorsqu’on partage ce frisson avec d’autres obsédés.

Rejoindre un cercle ou un festival : pas qu’un cliché…

Ne vous contentez pas d’écouter les conseils formatés des forums ou des plateformes lustrées. Cherchez les ateliers hebdomadaires au fond des conservatoires poussiéreux, osez vous inscrire à une masterclass (même si vos mains tremblent à l’idée) : c’est là que le véritable apprentissage sensoriel reprend vie. À la moindre occasion, partez en festival – croyez‐moi, il s’y joue plus qu’un simple concert : on y découvre des phrasés inconnus, on croise parfois un vieux fou qui a inventé son propre système de doigté.

Nourrir l’obsession : partager sans relâche

À quoi bon explorer les méandres du manche si tout reste confiné entre quatre murs ? Publiez vos extraits sur les réseaux (ou sur des groupes fermés si la peur du ridicule vous ronge), échangez annotations et carnets d’erreurs lors de rencontres informelles. Toute découverte – aussi minime soit‑elle – mérite d’être offerte comme matière vivante à d’autres obsédés sensoriels.

Checklist pour entretenir le feu :
- Revisitez chaque étude ancienne dès que l’ennui vous guette.
- Notez tout ce qui vous heurte dans votre jeu : fatigue digitale soudaine, passage impossible, nuance inatteignable… puis comparez ces sensations avec celles vécues par d’autres guitaristes lors d’ateliers ou forums spécialisés.
- Impliquez‑vous dans l’organisation locale (petit concert impromptu, masterclass improvisée). Le spectre sensoriel s’élargit dès qu’il est partagé !

Faire de chaque étude une aventure sensorielle

L’exploration ne s’arrête jamais : tôt ou tard surgira le besoin de revisiter une pièce sous un angle nouveau – par exemple en changeant volontairement votre posture habituelle ou en tentant une interprétation minimaliste dans une acoustique cruelle (parking souterrain conseillé pour tester le grain du bois…). C’est là que la passion renaît ; elle refuse toute stagnation médiocre.

Gardez toujours en tête que plus rien n’a de goût quand la routine prend racine : cherchez le dépaysement sonore et humain partout où il se cache.

En résumé :
- Revivez chaque vibration essentielle du bois comme un premier appel.
- Partagez sans honte ni calcul vos découvertes et échecs.
- Faites de chaque étude une micro-aventure sensorielle (et sociale, surtout!).
Le chemin ne s’essouffle jamais tant qu’il reste à explorer. Les vrais explorateurs ne rangent jamais leur guitare dans sa housse définitive.

Morceaux de guitare classique incontournables : sélection, partitions et conseils

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